Abu Dhabi débourse une petite fortune pour «nettoyer le registre numérique» de son ambassade à Washington

Courrier arabe

L’ambassade des Émirats arabes unis (EAU) à Washington aurait payé 350 mille dollars à une firme américaine, spécialisée dans la technologie et les relations publiques, dans le but de nettoyer le registre de ses hauts diplomates et tout ce qui se rapporte aux couvertures négatives du pays sur Internet, avaient révélé des documents publiés par le département de la Défense américain.

Présentés le 24 mars, les documents publiés sur le site du le département de la Défense américain démontrent que la firme américaine Terakeet, dont le siège se trouve à Syracuse, au nord de New York, fut chargée d’effacer le contenu numérique du registre de l’ambassadeur Yousef Al-Otaiba, ainsi que celui de sa femme.

Ils indiquent que la firme avait utilisé une stratégie d’optimisation des moteurs de recherche (SEO), dans le but d’améliorer la visibilité des pages web affichées lors des résultats obtenus suite à des recherches numériques associées aux EAU.

Un dossier lord et surprenant

Les documents ont été présentés, suivant la loi du département américain, qui oblige les firmes américaines à déclarer les contrats qu’elles signent avec les pays étrangers, et à les publier sur le site dédié à l’Unité d’enregistrement des agents étrangers qui lui est affilié.

Des reçus joints au dossier signalent que la firme a reçu deux versements datant du 26 juillet et du 8 octobre de l’année 2019, à travers des chèques signés par l’ambassade émiratie à Washington, d’un montant de 175 mille dollars chacun.

La copie du contrat présentée porte la signature de Patrick Daniel et de Mclarin Koming. Deux hommes qui furent, dans un temps, directeurs de la firme chargée des relations publiques de la campagne électorale d’Hillary Clinton en 2016, dans nombreux États américains.

Aussi, d’autres papiers signalent que la firme avait mené ses travaux, en collaboration avec The Harbour Group, une firme de lobbying et de relations publiques basée à Washington, et dirigée conjointement par Richard Clark, un ancien responsable à la Maison-Blanche, et le haut conseiller du prince héritier des EAU, Mohamed ben Zayed.

Effacer les points négatifs

Selon des experts en informatique, «les efforts de la firme consistent à traiter du contenu en relation avec les EAU et son ambassadeur à Washington, Yousef Al-Otaiba, sur les réseaux sociaux, comme Facebook, Twitter, Instagram, et même YouTube et LinkedIn».

«Ces missions consistent à bloquer et à effacer les informations négatives, pour qu’elles ne paraissent plus sur les listes des résultats affichés, lors des recherches effectuées sur Internet, laissant ainsi la place aux contenus positifs pour garnir les résultats», expliquent-ils.

Sur ce, il convient de signaler que Yousef Al-Otaiba (46 ans), fut nommé ambassadeur des EAU à Washington, le 28 juillet 2008. Il fut connu pour ses liaisons étroites avec l’administration de l’ancien président américain George W Bush, et pour son implication avec des institutions financées par des firmes israéliennes de lobbying.

C’est également à lui que revient le levé du blocus d’exportation d’armes imposé à l’Égypte, après le coup d’État militaire qu’avait mené le président actuel Abdel Fatah al-Sissi, contre le président Mohamed Morsi, en arrivant à convaincre le président américain à l’époque, Barak Obama.

Dernièrement, le diplomate émirati été présent, à la Maison-Blanche, lors de la cérémonie de l’annonce de l’Accord du siècle, par Donald Trump, ce qui lui avait attiré les critiques des internautes arabes, dégoûtés par «sa traîtrise» et «son indignité».

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