Armes chimiques: l’OIAC vote la suspension des droits de la Syrie

Pour « avoir produit, stocké et utilisé des armes chimiques » contre sa population, le régime de Bachar al-Assad ne pourra plus voter au sein des instances de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). La sanction est évidemment symbolique. Mais elle marque néanmoins une défaite diplomatique de la Syrie et de ses alliés Russes et Iraniens.

Visée par une enquête de l’OIAC attribuant au régime plusieurs attaques au chlore et au gaz sarin, la Syrie avait été sommée, en juillet 2020, de déclarer l’intégralité de son arsenal caché sous 90 jours. Sans réponse de Damas, la sanction est donc tombée. À l’heure où certains parlent reconstruction et élection présidentielle en Syrie, la résolution initiée par Paris pointe aussi l’impossible impunité des auteurs d’attaques chimiques.

La Syrie a rejoint l’organisation en septembre 2013, sous la menace d’une intervention occidentale suite à l’attaque chimique sur la Ghouta proche de Damas, faisant au moins 1 200 morts. Depuis, l’arsenal déclaré par le pays à l’organisation a été détruit. Mais les attaques se sont néanmoins poursuivies.

L’OIAC n’est pas mandaté pour rendre justice. Mais la résolution pourrait néanmoins faire avancer l’idée d’un tribunal international. C’est le vœu de certaines ONG. Elles espèrent susciter un débat à l’Assemblée générale des Nations unies en faveur de la création, par traité, d’un tribunal spécial.

Actions contre la Syrie

Cette motion est une nouvelle étape symbolique dans le long parcours pour forcer la communauté internationale à mener des actions concrètes contre le régime syrien. Parallèlement, quatre ONG ont porté plainte en Suède contre le président Bachar el-Assad et plusieurs hauts responsables pour deux attaques chimiques.

Deux plaintes avaient déjà été déposées en France et en Allemagne par ces mêmes organisations de militants syriens en exil. La stratégie est de multiplier les démarches pour pousser la communauté internationale à réagir comme l’explique Mazen Darwich, directeur du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression.

« Depuis 10 ans et particulièrement après la première attaque à l’arme chimique en 2013, il y a eu beaucoup de déclarations et de bonne volonté, mais aujourd’hui nous pensons qu’il est possible d’agir réellement. Avec l’aide de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, nous donnons aux gouvernements et aux justices nationales des clefs pour agir concrètement et ne pas rester sur de belles paroles », estime-t-il.

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