Ces nouveaux décès portent à douze le nombre de personnes tuées depuis le début des manifestations lundi contre la décision le même jour du général Burhane, chef de l’armée, de dissoudre l’ensemble des institutions de ce pays pauvre plongé dans le marasme économique et miné par des décennies de conflits.

L’ONU et Washington avaient par avance mis en garde contre l’usage de la violence, estimant que les manifestations de samedi seraient un « test » sur les intentions des militaires.

« Pas de retour en arrière possible »

Dans la capitale Khartoum comme à Kessala dans l’Est, les cortèges, au milieu de pneus brûlés, ont scandé « Non au régime militaire » et « Pas de retour en arrière possible », dans un pays sorti en 2019 de 30 années de dictature d’Omar el-Béchir, écarté par l’armée sous la pression de la rue.

D’autres manifestants ont brandi des portraits du Premier ministre déchu et assigné à résidence Abdallah Hamdok, appelant à « ne pas renoncer ». Et des centaines de manifestants ont bloqué un axe à Port-Soudan sur la mer Rouge, poumon commercial du pays.

A Omdourman, ville-jumelle de Khartoum, deux manifestants ont été tués par balles et une centaine blessés par les forces de sécurité, selon un syndicat des médecins prodémocratie. Outre les 11 morts, plus de 300 personnes ont été blessées dans la répression, selon la même source.

Grenades lacrymogènes

En début de soirée, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes sur la foule dans l’est de la capitale, a constaté un correspondant de l’AFP.

Depuis le coup d’Etat, les Soudanais sont entrés en « désobéissance civile », juchés sur des barricades face aux balles réelles, en caoutchouc et aux gaz lacrymogènes des forces de sécurité.

Les autorités militaro-civiles au Soudan, mises en place en août 2019, étaient chargées de mener la transition vers un pouvoir entièrement civil, après le renversement quatre mois plus tôt de M. Béchir, au prix de plus de 250 morts dans la répression de la révolte.

Après plus de deux ans d’une délicate transition, l’entente entre l’armée et les civils a volé en éclats ces dernières semaines, culminant avec le putsch et l’arrestation de la plupart des dirigeants civils.

Après le coup d’Etat, les Etats-Unis comme la Banque mondiale ont suspendu leur aide financière à Khartoum, vitale pour le pays asphyxié par une inflation galopante et une pauvreté endémique. L’Union africaine a suspendu Khartoum et le Conseil de sécurité de l’ONU a exigé le retour des civils au pouvoir.