Des agents de secours onusiens sont impliqués dans la manipulation de l’assistance humanitaire apportée au Yémen

Courrier arabe

L’agence américaine « Associated Press » a révélé dans un rapport publié ce lundi que plus de 10 agents de secours liés à l’ONU recrutés au Yémen sont accusés d’enrichissement illicite à travers la manipulation des denrées alimentaires, des médicaments, du carburant et des fonds reçus en dons internationaux avec la complicité des différentes parties belligérantes.

L’agence de presse américaine a indiqué que des hommes armés houthis ont empêché des enquêteurs onusiens de quitter Sanaa afin de leur confisquer des ordinateurs portables et des disques durs externes, contenant des preuves sur l’implication des agents de secours des Nations Unis et des dirigeants houthis dans des affaires de corruption liées à la distribution de l’assistance humanitaire apportée au Yémen.

La même agence a expliqué que l’Organisation Mondial de la Santé ( OMS ) a ouvert une enquête sur des allégations de l’embauche de personnes non qualifiées dans des emplois très rémunérateurs.

En outre, des millions de dollars ont été versés dans les comptes bancaires personnels de ces travailleurs, des dizaines de contrats suspects ont été signés sans papiers en règle et enfin des tonnes de médicaments et de carburant ont disparu.

Certains observateurs estiment que cette corruption met en péril la vie de la majorité des 30 millions de Yéménites.

Dimanche passé, les Houthis et les Nations Unis ont annoncé la relance de l’approvisionnement en denrées alimentaires au Yémen après avoir été suspendu le 20 juin passé à la suite de la signature d’un accord avec le Programme alimentaire mondial ( PAM ) prévoyant la transparence dans l’opération de la distribution de l’aide humanitaire.

Selon les sources de l’Associated Press, le bureau de l’OMS au Yémen présidé jusqu’à septembre 2018 par Nevio Zagaria, était noyé dans la corruption et le népotisme. Les même sources ont ajouté que Zagaria a engagé des fonctionnaires subalternes et les a promus à des emplois bien rémunérés bien qu’ils fussent non qualifiés.

Selon un ancien agent de secours: « un personnel incompétent avec des salaires élevés réduisent la qualité du travail et celle du suivi des projets, et créent de nombreuses échappatoires qui facilitent la corruption ».

En vertu des règles de l’OMS, il est possible de verser les fonds d’assistance directement dans les comptes des fonctionnaires. Cette mesure vise à accélérer le processus de l’achat de biens et de services. Zagaria avait approuvé les virements directs de fonds s’élevant à  un million de dollars à certains fonctionnaires. Cependant, dans bien des cas, de nombreuses dépenses n’ont pu être justifiées.

Par ailleurs, selon un rapport confidentiel réalisé par des experts de l’ONU que l’agence américaine a pu consulter, les autorités des Houthis exercent des pressions continues sur les organismes de secours afin de les forcer à recruter des personnes qui leur sont loyales.

Il est à noter que durant les trois derniers mois, des activistes yéménites ont demandé une enquête transparente sur le sort de l’assistance humanitaire dans une campagne intitulée « où sont passés les fonds d’assistance? ». Ils appellent les Nations Unis à présenter un rapport qui expliquerait comment les millions de dollars d’aide apportée au Yémen depuis 2015 ont été dépensés.

Rappelons qu’en septembre 2014, une coalition arabe dirigée par l’Arabie Saoudite est intervenue au Yémen pour combattre les Houthis appuyés par l’Iran. Cependant, cette intervention s’est transformée en un guerre civile horrible qui a entraîné une famine que le monde n’a pas connu depuis 100 ans selon l’ONU, et a causé la mort de plus de 60 mille personnes dont la majorité sont des civils en plus du déplacement de millions d’autres.

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