France: des nouvelles manifestations anti-racisme organisées dans toutes les grandes villes

Au lendemain des manifestations des forces de l’ordre pour dénoncer la « haine antiflics », c’est au tour des militants contre le racisme et les violences policières d’occuper la rue, samedi 13 juin. À Paris et dans toutes les grandes villes de France, des défilés sont organisés à l’appel du comité Adama Traoré, jeune homme noir décédé en juillet 2016 après son interpellation par des gendarmes en région parisienne.

À l’origine de ces revendications, la mort de George Floyd, un Afro-américain de 46 ans tué le 25 mai à Minneapolis par un policier blanc a soulevé une indignation mondiale sans précédent et ravivé l’affaire française d’Adama Traore.

« Nous appelons toutes les villes de France à venir manifester avec nous pour exiger vérité et justice pour Adama et toutes les victimes de la police ou de la gendarmerie », scande le Comité, qui a réussi à mobiliser 20 000 personnes le 2 juin devant le Palais de justice de Paris, selon la préfecture de police.

Commerces fermés

Le plus gros défilé est attendu dans les rues de la capitale de la place de la République à Opéra, à partir de 14 h 30. Mais d’autres rassemblement sont attendus à Marseille, au départ du Vieux-Port, à Lyon place Bellecour, à Montpellier place de la Comédie, à Nantes place du Bouffay et à Saint-Nazaire, ainsi qu’à Strasbourg dimanche.

Dans un communiqué vendredi, Didier Lallement a rappelé qu’en raison de l’état d’urgence sanitaire les rassemblements de plus de 10 personnes n’étaient pas autorisés. Néanmoins, pour parer à d’éventuels débordements lors de cette manifestation qui n’est pas interdite, il a demandé « aux commerces, débits de boissons et restaurants situés de la place de la République à celle de l’Opéra et dans certaines rues adjacentes de fermer samedi après-midi ». Selon une note de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris, que Le Parisien a pu consulter, les policiers s’attendent à une mobilisation de « 10 000 à 20 000 personnes »

Des personnalités politiques ont d’ores et déjà annoncé leur présence, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon. « Ce que nous demandons c’est que la loi, l’ordre, la justice, le respect, la dignité soient les mêmes pour tous, a souligné le chef de file des Insoumis. De même que j’appelle les policiers républicains et antiracistes à manifester leur existence, et à ne pas laisser la parole d’une minorité l’emporter sur les autres ».

Même indignation dans le monde du spectacle. Le comédien Omar Sy s’est également ému dans une tribune signée dans l’Obs le 4 juin 2020 « d’un système violent, qui enterre les mémoires de ces morts dans l’oubli, qui jette systématiquement leurs noms dans la fosse aux non-lieux ». Appelant « au changement, à la remise en cause d’un système qui ne peut prétendre à la justice sans mettre fin à l’impunité organisée qui sévit depuis des décennies. »

« Une maladie qui touche toute la société » 

De son côté, l’exécutif tente d’apaiser les tensions. Le racisme est « une maladie qui touche toute la société », a déclaré mercredi en conseil des ministres Emmanuel Macron, tout en défendant les forces de l’ordre « dont l’écrasante majorité ne saurait être salie ». Le chef de l’État, attendu sur ce sujet dimanche lors de son allocution aux Français, a également « appelé à la modernisation des techniques d’interpellation et d’intervention alors que nous connaissons un contexte de tensions fortes ».

Dans la même perspective, le Premier ministre Édouard Philippe a également tenté de faire retomber la polémique, lors d’une visite mercredi dans un commissariat à Évry (Essonne). « Nous leur devons respect et confiance », comme le fait « l’immense majorité des Français », mais « nous avons également un devoir d’exigence vis-à-vis d’elle », a-t-il déclaré.

Sibeth Ndiaye, porte-parole et seule personne noire du gouvernement, a pour sa part signé samedi une tribune dans Le Monde pour « reposer la question de la représentativité des personnes de couleur dans la vie publique, politique, économique et culturelle de notre pays. » Elle suggère, en outre, de « rouvrir le débat manière apaisée le débat sur les statistiques ethniques. »

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