Human Rights Watch appelle à punir les responsables libanais impliqués dans l’explosion de Beyrouth

L’organisation Human Rights Watch a appelé, ce mardi, les pays qui appliquent la loi Magnitski, entre autres lois de sanctions, en matière de droits humains, à « punir les responsables libanais impliqués dans l’explosion du port de Beyrouth ».

C’est ce qui ressort d’un rapport de 127 pages, publié par l’organisation internationale des droits de l’Homme sous le titre « Ils nous ont tués de l’intérieur », à l’occasion du premier anniversaire de l’explosion dans le port de Beyrouth.

Le 4 août 2020, une explosion s’était produite dans l’entrepôt n°12 du port, faisant plus de 200 morts et environ 6 000 blessés. L’explosion avait aussi causé d’énormes dégâts matériels aux bâtiments résidentiels et aux établissements commerciaux.

L’organisation a déclaré que les preuves indiquaient l’implication de hauts responsables libanais dans l’explosion du port de Beyrouth, parce qu’ils étaient conscients des dangers du nitrate d’ammonium, avant qu’il n’explose et n’ont pas agi.

Et d’ajouter que « des failles structurelles dans le système juridique et politique libanais permettent à ces fonctionnaires d’échapper à la poursuite judiciaire ».

Human Rights Watch a demandé au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies « d’autoriser une enquête sur l’explosion du port ».

Le rapport présente des preuves de la position officielle, dans un contexte de corruption et de mauvaise gestion de longue date au port, qui a permis de stocker des tonnes de nitrate d’ammonium, un composé chimique explosif, de manière aléatoire et dangereuse pendant environ six ans.

« Les preuves démontrent de manière écrasante que l’explosion d’août 2020, dans le port de Beyrouth, est le résultat d’actions et de négligences de hauts responsables libanais », a déclaré Lama Fakih, directrice de la division Crise et conflit, au sein de l’organisation Human Rights Watch.

Et d’ajouter que les autorités « n’ont pas signalé, avec précision, les risques posés par le nitrate d’ammonium, ont sciemment stocké les matériaux dans des conditions dangereuses et ont négligé la sécurité des personnes ».

Lama Fakih a expliqué que « le président de la République, Michel Aoun, chef du Conseil supérieur de défense, avait admis qu’il était au courant de la présence de nitrate d’ammonium, depuis au moins le 21 juillet 2020 et a demandé à l’un des conseillers de donner suite à ce dossier. Cependant, il avait affirmé qu’il n’était pas responsable ».

Elle de souligner que « la plupart des hauts cadres de la sécurité et des ministres étaient au courant de la présence de nitrates ».

Fakih a fait savoir qu' »en vertu du droit local, cet acte peut relever du meurtre prémédité et/ou non prémédité ».

La directrice de la division a appelé les pays qui appliquent la loi internationale Magnitski, entre autres législations de sanctions en matière de droits de l’Homme et de corruption, à « punir les responsables libanais pour leur implication dans des abus liés à l’explosion et dans l’obstruction du processus judiciaire ».

La loi Magnitski est un projet de loi bipartite, républicain et démocrate, ratifié par le président Barack Obama en décembre 2012, qui prévoit des punitions à l’encontre de personnalités russes responsables de la mort du comptable fiscaliste Sergueï Magnitski, dans sa prison à Moscou, en 2009.

Depuis l’année 2016, la loi a été activée à un niveau universel autorisant le gouvernement américain à imposer des sanctions aux personnes reconnues coupables d’abus des droits de l’Homme partout dans le monde, en gelant leurs avoirs et en leur interdisant d’entrer aux États-Unis. Ces sanctions peuvent s’étendre à d’autres domaines.

Les autorités libanaises n’ont jusque-là émis aucun commentaire concernant le rapport de Human Rights Watch.

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