Il y a 25 ans, les accords d’Oslo n’étaient pas satisfaisants ,Trump en profite bien

Le 13 septembre 1993, une poignée de main historique entre le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le chef de l’Organisation de Libération de la Palestine Yasser Arafat concrétisait l’accord d’Oslo, sous l’œil satisfait de Bill Clinton. 25 ans plus tard, un tel cliché serait impossible à reproduire.
Les accords d’Oslo de 1993 sont le fruit d’un travail de longue haleine entre l’Organisation de libération de la Palestine -représentée par Mahmoud Abbas-, le ministre des Affaires étrangères israélien de l’époque Shimon Peres et les États-Unis présidés par Bill Clinton, qui ont joué le rôle crucial de médiateur entre les deux antagonistes.
L’objectif du texte était clair: mettre un terme à un conflit vieux de plusieurs décennies, en reconnaissant « une autorité palestinienne intérimaire autonome » pour une période transitoire de cinq ans. À long terme, cet accord devait permettre de mettre en place « une paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en sécurité », comme le demandait déjà la résolution 242 de l’Onu votée en 1967.
Mais si les accords d’Oslo 1 et 2 (en 1995) fixent les grandes lignes du processus de paix, ils ne règlent pas les questions cruciales du conflit, comme par exemple le statut des réfugiés, ou celui de Jérusalem. Et Donald Trump, depuis son arrivée au pouvoir, n’a cessé de profiter de ces flous pour mettre en place une nouvelle politique, considérée comme pro-israélienne, au détriment des Palestiniens.
• Février 2017: la « solution à deux Etats » malmenée
L’Accord d’Oslo signé en 1993 se conformait à la résolution 242 de l’Onu qui demande « le respect et la reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque Etat de la région ». Autrement dit? L’accord d’Oslo laissait planer l’espoir d’une « solution à deux États ». Le terme n’a cependant jamais été officiellement inscrit comme un objectif clair et aucun des deux camps ne s’y est jamais véritablement engagé. Ainsi, après avoir accepté l’idée pendant quelques années, Benjamin Netanyahu a finalement fait marche arrière et nuancé sa position.
Donald Trump a fait de même. Alors que les dirigeants américains ont toujours travaillé, à des degrés d’implication divers à mettre en place cette solution, l’actuel locataire de la Maison Blanche a rompu avec ses prédécesseurs le 15 février 2017 en déclarant que la solution à deux États n’était pas la seule voie possible.
• Décembre 2017: le statut de Jérusalem
Le statut officiel de Jérusalem est l’un des points les plus délicats dans le conflit israélo-palestinien: Israël proclame tout Jérusalem, Ouest et Est, comme sa capitale « éternelle et indivisible », tandis que les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est, comme capitale de l’État qu’ils espèrent construire.
Ce point, litigieux entre tous, est absent de l’accord signé en 1993, qui précise simplement que « des négociations sur le statut permanent » sur la ville de Jérusalem doivent être entamées au plus tard en 1995. Les Accords d’Oslo 2 verront bien le jour deux ans plus tard, mais le statut de la ville ne sera toujours pas établi.
Pourtant, en décembre 2017, Donald Trump tranche: « Il est temps d’officiellement reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël », lance-t-il dans une brève allocution, affirmant que cette décision aurait du être prise « depuis longtemps ». Dans la foulée, il annonce le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem. Le nouveau bâtiment sera inauguré le 14 mai 2018, dans un bain de sang.
Cette annonce déclenche effectivement la colère des Palestiniens et la réprobation de la communauté internationale. Le président palestinien Mahmoud Abbas juge que les États-Unis sapent « délibérément tous les efforts de paix » et rompt tout contact avec Washington.
• Août 2018: la question des réfugiés
En vertu d’une résolution de l’Onu votée en 1948, les réfugiés palestiniens bénéficient d’un « droit au retour » sur les terres annexées par Israël. Mais l’État hébreu s’y est toujours opposé car cela « entérinerait la fin d’une majorité juive en Israël », explique au Monde l’ancienne députée travailliste, Einat Wilf. Les accords d’Oslo, de 1993 et de 1995, ont échoué à éclaircir la situation.
Dès la création d’Israël, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a donc vu le jour. Aujourd’hui, l’organisme est le seul garant du statut international de réfugié palestinien. Il fournit une aide à plus de trois millions de Palestiniens sur les cinq millions enregistrés comme réfugiés, notamment à travers ses écoles et ses centres de santé. L’agence est financée par les dons des contributeurs extérieurs: en 2017, les États-Unis en ont été un des principaux contributeurs, avec 350 millions de dollars versés (300 millions d’euros).
Mais Donald Trump a mis un terme à cette contribution. En janvier 2018, Washington n’a versé à l’agence que 60 millions de dollars (52 millions d’euros). Le 31 août, elle a coupé définitivement les financements, dénonçant une « opération irrémédiablement biaisée », et fustigeant « le modèle commercial et les pratiques fiscales » de l’agence « liés à la communauté sans cesse croissante des bénéficiaires ».
Après le versement réduit du mois de janvier, le responsable de l’agence des Nations unies pour les réfugiés de Palestine a fustigé dans Le Monde la décision américaine, affirmant que l’Unrwa n’avait « pas l’intention » de perdurer et que l’agence avait grandi « parce que le processus d’Oslo est un échec ».

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