Inde: les violences faites aux musulmans, sont presque devenues légitimes

Le triomphe de Narendra Modi, réélu pour un deuxième mandat à la tête de l’Inde, est aussi celui du nationalisme hindou. Les violences envers les minorités religieuses se renforcent dans la plus grande démocratie du monde.

Narendra Modi promet une « Nouvelle Inde ». Durant les cinq ans à venir, le Premier ministre aura en tout cas une latitude certaine pour ses réformes. Son parti, le Bharatiya Janata Party (BJP) a raflé la majorité absolue au Parlement indien, soit 303 sièges sur 543. Le nationalisme hindou renforce son emprise. « C’est un triomphe des émotions sur les arguments et sur le bilan économique très mitigé de Narendra Modi », relève Sylvie Guichard, maître d’enseignement à l’Université de Genève, invitée de Géopolitis. « Modi a fait appel au nationalisme hindou, qui mêle fierté nationale et religion. »

Dans une Inde composée à 80% d’hindous, la campagne électorale a été émaillée de violences, physiques et verbales, à l’encontre de la minorité musulmane. Une minorité qui rassemble tout de même plus de 170 millions de fidèles. C’est la troisième plus grande communauté musulmane au monde. « Les tensions et les violences anti-musulmanes ne sont pas apparues avec Narendra Modi, mais elles sont devenues presque légitimes », observe Sylvie Guichard. « Le Premier ministre a clairement donné le message aux militants nationalistes hindous (…) qu’il laissait faire », poursuit-elle.

Lorsqu’il était ministre en chef de l’Etat du Gujarat, Narendra Modi avait déjà été accusé de ne pas avoir réagi lors des pogroms anti-musulmans de 2002. Ces violences avaient fait plus d’un millier de morts en quelques jours.

Le gardien Modi

En s’imposant en gardien du peuple hindou, le « Chowkidar » Modi marque une rupture avec ses prédécesseurs issus de la dynastie Nehru-Gandhi. Une rupture avec les valeurs d’égalité et d’unité dans la diversité des pères de la Constitution indienne. « Narendra Modi met en avant la majorité hindoue contre les minorités, qui deviennent des citoyens de deuxième classe », souligne Sylvie Guichard. « Il ne leur a pas enlevé le droit de vote, mais il y a des discussions pour retirer la laïcité du préambule de la Constitution indienne. » L’Inde s’achemine selon elle vers une forme de « démocratie illibérale ».

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