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Le chef d’Ennahdha Rached Ghannouchi à la tête du Parlement tunisien (Portrait)

Rached Ghannouchi, le penseur et homme politique tunisien qui est passé par toutes les phases de l’action politique. De l’action clandestine à l’engagement public, Rached Ghannouchi a connu les prisons comme il a connu les arcanes du pouvoir ! Il est pressenti pour occuper la fonction de président du Parlement du tunisien, au terme de l’élection qui devrait se tenir ce mercredi 13 novembre.

Ghannouchi, 78 ans, est originaire de la ville oasis d’El-Hamma, dépendant du gouvernorat méridional de Gabès, ville qui a donné naissance à Mohamed Ali El-hammi, dirigeant de la première centrale syndicale tunisienne dans les années 1920, lorsque la Tunisie était encore sous le joug du colonialisme français.

Penseur et politicien, il a vécu sa vie persécuté dans son propre pays, exilé à l’étranger, avant que la révolution de janvier 2011 ne lui ouvre les portes du retour au pays et que son mouvement se retrouve au sommet de la scène politique.

** « Nassérien devenu islamiste »

Dans les années 1960, Ghannouchi était un admirateur du mouvement nassérien. Il étudia pendant deux ans dans la capitale égyptienne, Le Caire, après avoir achevé ses études, en 1963, à l’université de la Zaytouna en Tunisie.

Un arrangement entre le président tunisien, Habib Bourguiba (1957 à 1987) et le président Egyptien, Gamal Abdel Nasser (1956 à 1970), en vertu duquel le gouvernement égyptien s’engageait à remettre les étudiants tunisiens, résidents en Égypte, aux autorités tunisiennes, contraint Ghannouchi à quitter le Caire, en 1964, pour s’installer à Damas, en Syrie.

Diplômé en philosophie de l’Université de Damas en 1968, Ghannouchi se rend à Paris, capitale de la France, pour y suivre son cursus doctoral. Il a ensuite rejoint le groupe Djamā’at al-Tablīgh (société de prédication musulmane revivaliste, de nature apolitique).

** « Le Mouvement islamique et la décennie de conflit »

En 1969, la rencontre entre Ghannouchi, professeur de philosophie venu de Syrie et de France, Abdel Fattah Mourou (étudiant en droit) et Hamida Neifer (professeur de pensée islamique), marqua le début de la création du «Mouvement islamique» en Tunisie.

Ghannouchi fut élu, en 1972, président de la Djamā’at al-Islamia, mouvement qu’il fonda, avec un groupe de ses camarades, lors d’une réunion qui regroupa 40 dirigeants, tenue à Mornag, une des banlieues sud de Tunis.

En annonçant la création du Mouvement de la tendance islamique (MTI), lors d’une conférence de presse tenue le 6 juin 1981, Ghannouchi marque le début des persécutions et de la lutte avec les autorités tunisiennes.

Bien que le mouvement ait revendiqué une action politique démocratique pacifique, le Régime de Bourguiba condamna Ghannouchi, à l’automne 1981, à une peine de onze ans de prison. Il sera gracié par Bourguiba en août 1984.

Ghannouchi fut à nouveau arrêté en mars 1987, et devra répondre de plusieurs chefs d’accusation, notamment d’être à la tête «d’une organisation non reconnue», ce qui lui vaudra d’être condamné à la réclusion à perpétuité à l’automne de la même année.

Après l’arrivée au pouvoir de Zine El Abidine Ben Ali le 7 novembre 1987, Ghannouchi est gracié par le nouveau président le 14 mai 1988.

Après les élections d’avril 1989, auxquelles le mouvement Ennahdha participa en soutenant des listes indépendantes, Ghannouchi choisit de quitter la Tunisie, avant d’être condamné par contumace à la prison à vie par le tribunal militaire de Tunis, à l’été 1992, pour « préparation d’un coup d’État contre le Régime ».

** Années d’exil et de révolution

Ghannouchi s’installe définitivement à Londres, la capitale britannique, en 1993, alors que le régime de Ben Ali poursuivait sa féroce campagne contre les membres de son mouvement, ce que Ghannouchi lui-même a baptisé « Holocauste Novembriste » (en allusion au 7 novembre, date du coup d’état de Ben Ali contre Bourguiba).

Ghannouchi a été élu président d’Ennahdha en novembre 1991, responsabilité à laquelle il fut reconduit lors de trois conférences organisées par le Mouvement à l’étranger: la sixième en décembre 1995 tenue en Suisse, la septième en avril 2001 aux Pays-Bas et la huitième tenue en mai 2007 à Londres.

Alors que le nombre de ceux qui croyaient en la possibilité d’un changement en Tunisie ne cessait de diminuer et que les partisans de Ghannouchi se raréfiaient, l’immolation de Mohamed Bouazizi, jeune marchand ambulant du gouvernorat de Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie, déclencha par son acte désespéré les révolutions du Printemps arabe.

Le 14 janvier 2011, le régime de Ben Ali chutait et le dictateur fuyait le pays pour l’exil. Le 30 mars suivant, Ghannouchi rentre en Tunisie, accueilli par des dizaines de milliers de ses partisans.

En octobre de la même année, Ennahda remporta les élections législatives et forma le premier gouvernement post-révolutionnaire, au sein de la coalition de la « Troïka » avec les partis laïques du « Congrès pour la République » et du « Forum démocratique pour le travail et les libertés ».

** Difficultés de gouvernance et « colère » interne

En tant que chef du mouvement au pouvoir, Ghannouchi a dû faire face à des difficultés majeures face aux événements qui se sont succédés. Le mouvement a dû céder le pouvoir fin 2013, sur fond d’assassinats politiques d’opposants de gauche et de manifestations organisées par une alliance entre la gauche contrôlant le principal syndicat du pays et des membres de l’ancien régime ayant formé le parti « Nidaa Tounes » en juin 2012.

Le mouvement a été défait par « Nidaa Tounes » lors des élections de 2014, mais participa au pouvoir au gré de la politique de consensus menée par le défunt président Béji Caïd Essebsi et de Ghannouchi.

Mais si certains considèrent que Ghannouchi a réussi à épargner à son mouvement un sort similaire à celui de la confrérie égyptienne des frères musulmans à l’été 2013, la présence du mouvement au Parlement est passée de 89 députés (sur 217) aux élections d’octobre 2011 et de 69 aux élections d’octobre 2014, à 52 députés seulement, lors du vote d’octobre dernier.

Avec ce score considéré comme « modeste » au vu de ses résultats précédent, le mouvement Ennahdha est cependant considéré comme le vainqueur de ces élections, ce qui le qualifie, selon la constitution, à former le gouvernement.

Les observateurs ont d’abord pensé que Ghannouchi se porterait candidat au poste de Premier ministre, mais le refus de deux partis représentant les forces révolutionnaires semble l’avoir convaincu de briguer la présidence du Parlement.

Une responsabilité qui couronne un parcours de vie politique !

Ghannouchi quittera la présidence du parti lors du 11e congrès, qui devrait se tenir en mai prochain, conformément au règlement interne du mouvement, dans un climat d’agitation interne parmi les dirigeants du parti, dont certains considèrent que Ghannouchi « père de la démocratie » dans les courants islamiques, n’a pas su être démocrate au sein de son mouvement.

Ghannouchi, qui a près de 20 livres à son actif, dont certains ont été traduits en anglais, français, espagnol, persan et turc, est un homme politique qui entretient de bonnes relations au niveau international .

SourceAgences

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