Le nombre de morts du Covid-19 en Russie est trois fois supérieur au bilan transmis à l’OMS, affirme Moscou

Le gouvernement russe a admis, lundi 29 décembre, quelque 186 000 décès dus au Covid-19 cette année, un bilan plus de trois fois supérieur au décompte officiel et qui fait de la Russie l’un des pays les plus endeuillés au monde. Ces nouveaux chiffres se basent sur une définition plus large des victimes contaminées par le SARS-CoV-2, en vertu d’une nouvelle comptabilité plus proche des normes internationales.

Ces chiffres s’opposent à ceux publiés quotidiennement par le gouvernement, transmis à l’OMS et utilisés pour les comparaisons internationales, qui ne prennent en compte que les décès du Covid confirmés par autopsie.

Lundi, l’office des statistiques Rosstat a fait état d’un excès de mortalité entre janvier et novembre de 229 700 personnes, en hausse de 13,8 % par rapport à la même période de 2019. Et « plus de 81 % de cette hausse de la mortalité sur cette période est due au Covid et aux conséquences de la maladie due au coronavirus », soit un peu plus de 186 000 décès, a indiqué, selon les agences de presse russes, la vice-première ministre en charge de la santé, Tatiana Golikova.

Plus de 25 000 morts en novembre

Ce bilan est plus de trois fois supérieur aux 55 265 morts officiels comptabilisés depuis le début de la pandémie sur le site du gouvernement russe consacré à la lutte contre la pandémie. Les autorités ne comptent cependant au jour le jour que les décès Covid-19 confirmés par une autopsie.

C’est en s’appuyant sur ces chiffres que le président Vladimir Poutine s’était félicité du fait, mi-décembre, que la Russie avait « mieux » géré la pandémie qu’en Occident. Mais, selon Rosstat, rien qu’en novembre, 25 788 personnes sont mortes à la suite d’une contamination au SARS-CoV-2.

L’agence de statistiques classe ces décès selon trois catégories : ceux dont il est confirmé qu’ils ont été causés par le Covid ; ceux dont le Covid est suspecté d’être la cause principale ; et ceux où le Covid a accentué d’autres pathologies, causant la mort. C’est la première fois que Rosstat publie des chiffres mensuels détaillés, mais elle ne donne pas ces détails pour les mois précédents.

Pas de nouveau confinement envisagé

Les chiffres de Rosstat placent désormais la Russie au troisième rang mondial en termes de décès, derrière les Etats-Unis (plus de 330 000 morts) et le Brésil (plus de 190 000), alors que le pays, comme le reste du monde, est frappé depuis l’automne par une seconde vague épidémique. En octobre, selon Rosstat, la Russie avait déjà enregistré 50 000 décès supplémentaires par rapport à 2019, dont 22 761 liés au coronavirus.

Le Kremlin a néanmoins rejeté l’idée de tout nouveau confinement national, après celui du printemps, afin de préserver l’économie, se jugeant bien préparées et tablant sur l’efficacité de son vaccin, Spoutnik-V, qui a été déployé début décembre. Ceci étant, la plupart des régions ont imposé le port du masque de protection et limité l’accès à certains lieux de loisir.

En termes de contaminations, la Russie reste au quatrième rang mondial, avec 3 078 035 cas de Covid-19 recensés, selon le gouvernement russe. Depuis le début de l’hiver, le pays bat d’ailleurs chaque semaine des records de nouvelles infections quotidiennes. Les villes les plus touchées restent la capitale, Moscou, et sa région, ainsi que la deuxième ville du pays, Saint-Pétersbourg. Mais la situation est également inquiétante dans les régions les plus pauvres et souvent sous-équipées.

Vaccination massive

Pour vaincre l’épidémie, le gouvernement fonde ses espoirs sur une vaccination massive de la population russe grâce au vaccin national, Spoutnik-V. Le ministre de la santé russe, Mikhaïl Mourachko, a ainsi jugé samedi que ce vaccin était « sûr et efficace » pour une vaccination massive de la population et a autorisé son utilisation chez les personnes de plus de 60 ans.

Les autorités n’ont pour l’heure pas publié le bilan des personnes déjà vaccinées. Pour sa part, le Centre Gamaleïa, qui produit Spoutnik-V, a spécifié que près de 700 000 doses du vaccin avaient déjà été livrées en Russie.

Mais reste encore à convaincre la population des bienfaits de la vaccination, dans un pays où la méfiance envers les autorités demeure forte. Selon un sondage du centre public VTsIOM publié jeudi dernier, seuls 38 % des Russes avaient l’intention de se faire vacciner.

Quitter la version mobile