L’appel lancé par l’acteur et entrepreneur égyptien Mohammed Ali à manifester contre le régime d’al-Sissi inquiète au plus haut point les autorités qui ont mobilisé un arsenal de mesures pour contrer le plan de Mohammed Ali.
Dans une nouvelle vidéo, Mohammed Ali a demandé aux Égyptiens de manifester à 19h vendredi prochain les appelant à éviter les frictions avec l’armée et la police.
Auparavant, l’entrepreneur égyptien avait dévoilé un plan en deux étapes visant à évincer le président al-Sissi : la première est d’intéragir largement avec le Hashtag #كفايه_بقي_ياسيسى ( ça suffit al-Sissi) et la deuxième est de manifester dans les différents gouvernorats du pays pendant une heure contre le régime d’al-Sissi.
Le nombre des internautes ayant interagi avec le Hashtag #كفايه_بقي_ياسيسى a dépassé un million de tweets, ce qui a fait de lui le Hashtag le plus populaire sur Twitter pendant plusieurs heures en Égypte et dans d’autres pays arabes tels que le Koweït, l’Arabie saoudite, l’Algérie, le Qatar et les Émirats arabes unis. Le Hashtag est toujours en tête sur les réseaux sociaux.
« Al-Jazeera.net » a énuméré les 7 mesures prises par les autorités égyptiennes pour faire face à cet appel lancé par Mohammed Ali.
1. La diffamation
Des journalistes pro-régime tels que Amr Adib ont lancé une campagne de diffamation contre Mohammed Ali en l’accusant de trahison et de coopération avec les Frères Musulmans. Ils ont également diffusé des photos et des vidéos montrant Mohammed Ali avec des femmes. Les médias du régime le présente en outre comme étant un fils ingrat vis-à-vis de ses parents.
2. La guerre des Hashtags
Suite à la grande interaction avec le Hashtag #كفاية_بقي_سيسي qui a dépassé un million de tweets, d’autres hashtags de soutien à al-Sissi ont été lancés tels que « vive l’Égypte » et « un million de retweets pour appuyer al-Sissi », qui ont inclu des menaces pour ceux qui envisagent de manifester, et un dénigrement de l’idée de révolution accompagné d’une mise en valeur de la stabilité et de la sécurité en comparaison avec d’autres pays de la région.
3. La religion
De son côté, la Maison de la Fatwa d’Égypte a diffusé une vidéo sur l’importance de préserver le pays, soulignant que cette mission ne se limite pas aux gouverneurs mais elle concerne également tous les citoyens.
En outre, Al-Azhar a annoncé le lancement d’une campagne électronique visant à aider l’État pour faire face aux « fausses nouvelles » et expliquer ses « répercussions néfastes » sur le pays.
Le ministre des dotations religieuses, à son tour, a mis en garde contre « les tentatives de la destruction des États à travers les réseaux sociaux », soulignant qu’il existe des organisations qui naissent sur les cendres des États par la diabolisation des régimes en place selon ses termes.
4. Le recours à des artistes
Les autorités égyptiennes ont appelé à leur secours le chanteur populaire Châaban Abderrahim lequel a lancé une chanson qui attaque Mohammed Ali et les médias de l’opposition en rendant hommage à al-Sissi et à l’armée, dans une tentative d’influencer la classe populaire qui écoute ses chansons. De plus, une vidéo publiée a regroupé plusieurs artistes égyptiens comme Ahmed Badir, Hani Chaker et Hakim dans laquelle ils ont annoncé leur appui à al-Sissi.
5. L’accentuation de la répression
Selon une source sécuritaire d’Al-Jazeera, le ministre de l’Intérieur Mahmoud Tawfik a donné des instructions interdisant les congés pour les officiers et rappelant ceux qui sont en congé. Simultanément, il y a eu une campagne d’arrestations d’activistes dont Kamal Khalil.
6. Une éventuelle coupure de l’accès à Internet
Selon les sources d’Al-Jazeera, il est probable que l’accès à Internet soit coupé les jeudi et vendredi prochains.
7. Des promesses de réforme
L’écrivain et journaliste proche d’al-Sissi, Yasser Rizq, a abordé une possibilité de procéder à des réformes politiques et économiques l’année prochaine qui incluent la tenue d’élections législatives et municipales.