Les proches du Premier ministre canadien impliqués dans une enquête pour conflits d’intérêts

La mère et le frère du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, ayant reçu des fonds d’une association caritative, sont impliqués dans une enquête pour conflits d’intérêts, ont rapporté, jeudi, plusieurs médias locaux.

Margaret et Alexandre Trudeau, respectivement la mère et frère du Premier ministre, ont reçu plus de 282 mille dollars canadiens (207 mille USD) pour leur participation, en tant que conférenciers, de 2016 à 2020, à une série d’événements de l’organisme de charité UNIS.

Organisme chargé par le gouvernement fédéral de gérer la « Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant », UNIS avait démenti, dans un premier temps, l’existence de liens financiers avec Trudeau et ses proches, avant de céder face aux investigations et questions pressantes des journalistes en fournissant des documents attestant les paiements en question, qualifiant, cependant, ces agissements « d’erreur d’administration ».

Cette « erreur », consiste selon UNIS au paiement des émoluments des proches de Trudeau, au lieu et place d’une société affiliée.

UNIS est l’organisme choisi par Ottawa, sans appel d’offres, pour gérer quelque 900 millions de dollars de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.

Au début de l’affaire, le gouvernement fédéral avait annoncé que cette Bourse ne sera plus gérée par UNIS, et le Bureau du commissaire aux conflits d’intérêts et à l’étique a diligenté une enquête sur l’attitude de Trudeau dans ce dossier.

La réaction du Premier ministre a été laconique. Dans un communiqué publié, vendredi en fin d’après-midi par son cabinet, il est écrit que « les proches du premier ministre [étaient] impliqués auprès d’organisations diverses et [qu’ils soutenaient] plusieurs causes personnelles de leur propre chef. »

« Ce qui est important de garder en tête ici, c’est qu’il est question d’un organisme de charité qui soutient des étudiants », lit-on encore dans cette brève réaction.

Cette affaire, qui place le Premier ministre fédéral dans une situation inconfortable, a suscité une réaction en chaîne des acteurs politiques, et particulièrement, des partis de l’opposition.

Le parti Conservateur (principal parti d’opposition) a réclamé l’ouverture d’une enquête de la Vérificatrice générale, Karen Hogan (haut fonctionnaire du parlement chargé de contrôler la gestion financière du gouvernement fédéral).

De son côté, le Bloc québécois, troisième parti à la chambre des Communes (chambre basse du parlement fédéral) a réclamé le « retrait temporaire » du Premier ministre, « le temps que la lumière soit faite », et son remplacement par la vice-Première ministre, Chrytsia Freeland.

Il ressort d’un communiqué rendu public par Yves-François Blanchet, chef du parti que « la nature des allégations, l’importance des sommes, l’apparence grossière de conflit d’intérêts, la possibilité qu’il y ait éventuellement des enquêtes à caractère criminel dans ce dossier font qu’il est impossible que le premier ministre continue à exercer sa fonction ».

Pour sa part, Alexandre Boulerice, le numéro 2 du Nouveau Parti démocratique (NPD) s’est interrogé sur le « jugement du Premier ministre et la culture des libéraux, [qui] pensent que tout leur est permis ».

Le député montréalais a rappelé que « jamais un premier ministre n’a fait l’objet d’autant d’enquêtes pour conflits d’intérêts et Justin Trudeau ne peut pas plaider l’ignorance ».

Notons que le Bureau du commissaire aux conflits d’intérêts et à l’étique avait déjà publié à deux reprises un rapport attestant que le Premier ministre avait enfreint la loi. Une première fois en séjournant sur l’île privée de l’Aga Khan et une deuxième fois en essayant d’influencer une procédure judicaire dans l’affaire SNC-Lavalin.

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