Crise du golfe: l’Europe doit se détacher des USA

Norbert Röttgen, président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, appelle, dans une tribune au « Monde », les puissances européennes à ne pas s’aligner sur Washington dans son bras de fer avec Téhéran.

Tribune. Le comportement de l’Iran dans le détroit d’Ormuz, sa récente saisie d’un navire sous pavillon britannique et le harcèlement général envers les transports maritimes exigent une réponse internationale. L’Allemagne doit faire partie des répondants. Mais quelle est au juste la réponse adéquate ? Comme moult fois auparavant pour des conflits au Moyen-Orient, les Etats-Unis ont proposé aux Européens de participer à une opération militaire sous commandement américain. Il est impossible pour l’Allemagne d’envisager cette option. Dans les circonstances actuelles, l’Europe doit se détacher des Etats-Unis et doit, de façon indépendante, assumer sa responsabilité dans le détroit d’Ormuz en garantissant la liberté de navigation.

Nous sommes mis à l’épreuve en tant qu’Européens puisqu’il s’agit là d’une région voisine, que ces conflits ne s’estomperont pas avec l’inaction et le temps, et qu’ils nous concerneront directement. Lorsqu’une partie essentielle de l’ordre juridique international, à savoir la libre navigation, est attaquée, notre prospérité européenne l’est aussi. Nous nous devons de défendre nos intérêts et la validité du système juridique international. L’Union européenne doit montrer à l’Iran que bien qu’elle reste attachée au respect de l’accord nucléaire (JCPoA), elle n’accepte pas que l’Iran occupe illégalement des zones maritimes libres et en empêche le passage.

Représailles iraniennes

Si les Européens participent à une mission d’intervention militaire, celle-ci devrait être sous commandement européen plutôt qu’américain. L’escalade du conflit entre l’Iran et les Etats-Unis fait planer la menace d’une guerre dans le golfe Persique, qui serait un désastre pour les Etats-Unis, l’Iran et le monde entier. Je suis convaincu que ni l’Iran ni les Etats-Unis n’en veulent. Mais la décision du président américain Donald Trump de se retirer de l’accord nucléaire iranien et de lancer une campagne de « pression maximale » contre l’Iran risque de justement conduire à ce résultat. Malheureusement, notre position et notre attitude à l’égard de l’Iran diffèrent fondamentalement de celle des Etats-Unis, en particulier en ce qui concerne la question nucléaire.

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