Libye : La visite d’al-Manfi pour l’est et sa rencontre avec Haftar déclenchent les réactions

Courrier arabe

En Libye, la visite que Mohamed al-Manfi, le président du nouveau Conseil présidentiel, entreprise pour l’est libyen en qualité de sa première visite officielle et sa rencontre organisée avec le général à la retraite, Khalifa Haftar, a déclenché plusieurs réactions au sein de la classe politique de l’ouest du pays, qui s’est interrogée sur les objectifs convoités par al-Manfi à travers un tel mouvement.

Selon les médias libyens, «al-Manfi fut reçu dans l’est libyen, jeudi après-midi, et dès son arrivée, il a rencontré plusieurs académiciens et chefs de la région, avant de se rendre à al-Rajma, où il a rencontré Khalifa Haftar, dans sa résidence».

De sa part, le bureau informationnel de Khalifa Haftar indiqua que «Haftar affirma son soutien à la nouvelle autorité exécutive, au Conseil présidentiel et au gouvernement, et souligna que l’armée cherchait à conserver la démocratie et à favoriser le transfert pacifique du pouvoir, en encourageant les élections prévues en fin d’année».

La visite a déclenché des réactions

Dès la publication des photos réunissant al-Manfi et Khalifa Haftar, les activistes et les politiciens de l’ouest libyen se sont déchaînés, exprimant leur colère et refusant que la première visite d’al-Manfi soit pour Haftar, «l’homme accusé de mener l’offensive contre la capitale Tripoli, d’avoir tué des jeunes et d’avoir poussé des familles vers l’exode».

Plusieurs ont estimé qu’«al-Manfi avançait sur les pas d’al-Sarraj», et ont signalé que «Haftar finira par répéter le scénario qu’il avait joué avec le GNA (Gouvernement d’union nationale)».

L’une des principales questions qui sont posées, dans ce contexte, était celle qui se demandait «si la visite pouvait causer un choc entre al-Manfi et l’ouest libyen et les pays qui rejettent Haftar (dont la Turquie se trouve en tête), ou si elle représentait un comportement naturel innocent, du fait que la nouvelle autorité est celle de tous les Libyens».

Haftar et ses compagnons devront se résigner au silence  

Pour comprendre la profondeur de la visite et ses dimensions, le site Arabi 21 a interrogé certains responsables libyens, qui lui ont expliqué la situation comme suite ;

L’officier de l’est libyen, le colonel Said al-Farisi, a raconté que «la visite d’al-Manfi était une bonne action politique». Il expliqua que «visiter le véritable chef de l’est libyen, permettait à al-Manfi de faire taire les voix qui n’ont cessé de le critiquer, depuis sa nomination au pouvoir. Désormais personne n’osera l’attaquer».

«Les colère de l’ouest se dissipera avec la fin de la visite de Dbiba», avait-il ajouté, en rappelant que «même Fathi Bachagha avait annoncé une visite prochaine, pour l’est libyen».

Toutefois, il précisa que «toutes ces initiatives ne changeront rien sur terrain, tant que Haftar était présent sur la scène», indiquant que «ce dernier serait un obstacle par Haftar pour la stabilité du pays».

De sa part, la membre du Forum national de dialogue, Djazia Chaitir, expliqua que «la visite d’al-Manfi était positive et envoyait des messages pour rassurer l’intérieur et l’extérieur et démontrer que la nouvelle autorité ouvrait ses bras à tous les Libyens et prouver que son gouvernement était un véritable gouvernement d’union nationale».

«Cet initiative démontre que l’époque de la marginalisation et de la centralisation est du passé et elle prouve qu’al-Manfi est réellement le fils de l’est du pays», avait-elle ajouté.

Par ailleurs, Adel Karmous a signalé : «La visite aura un impact négatif à l’ouest, et bien qu’elle semble être étudiée et justifiée politiquement, elle demeure la visite d’une personne polémique (Haftar) ayant participé à verser le sang des Libyens et qui insiste toujours à prendre le pouvoir du pays par la force, sans avoir de qualité officielle la qualifiant à être au centre de l’intérêt de la nouvelle autorité», soulignant que «personne n’acceptera la visite».

«Haftar n’est pas un homme de parole, si une chance se présentait à lui, il tentera à nouveau de prendre le pouvoir», avait-il noté.

Et au sujet de la position turque, au sujet de cette visite, Khairi Omar, professeur à l’université turque de Scaria, a expliqué au site : «La Turquie approuve le fait que la Libye dispose d’un nouveau gouvernement chargé de diriger la phase transitionnelle et d’arranger les élections. Elle ne se focalise pas sur les personnalités du nouveau gouvernement, car elle sait que personne ne causera des problèmes avec Ankara».

Il indiqua que «la visite d’al-Manfi était une suite logique du projet du Forum de dialogue national libyen, qui appelait à l’union de toutes les collectivités du pays».

«Ceci peut arranger la résolution de la crise, et permettre au pays d’avancer vers une nouvelle phase», avait-il ajouté, en précisant «qu’al-Manfi ne sera pas attaqué dès son retour à l’ouest, car tous là-bas savent bien que la réconciliation et l’union est le seul moyen pour faire sortir le pays de la galère».

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