Libye : un migrant meurt lors d’une fusillade dans un centre de détention

Un migrant a été tué et deux autres ont été blessés jeudi lors d’une fusillade dans le centre de détention d’al-Mabani à Tripoli, en Libye. Dans ce centre, aux conditions de vie « horribles » selon MSF, des tensions sont apparues ces dernières semaines en raison de la surpopulation des lieux.

Une fusillade s’est déclenchée jeudi dans le centre de détention d’al-Mabani à Tripoli, en Libye, entraînant la mort d’un migrant, a déclaré dimanche 11 avril Médecins sans frontières (MSF). Deux autres migrants, âgés de 17 et 18 ans, ont été blessés et conduits à l’hôpital.

Une enquête a été ouverte sur ces violences. Pour l’heure, les circonstances de cette fusillade sont floues et les auteurs n’ont pas été identifiés.

« Selon les patients [les deux migrants blessés qui ont été hospitalisés, ndlr], une bagarre a éclaté entre deux groupes de détenus dans une cellule », rapporte à InfoMigrants Béatrice Lau, cheffe de mission de MSF Libye. « Apparemment les gardes ont tenté de contenir les violences. Plus tard, des coups de feu ont été tirés à l’intérieur de la cellule mais les témoins n’ont pas vu qui les avaient tirés. »

Dans un communiqué, MSF a exhorté « les autorités à divulguer les conclusions de l’enquête [en cours] avec la communauté humanitaire et à faire en sorte que les responsables répondent de leurs actes. »

« Entre 220 et 250 détenus par cellule à al-Mabani »

Structure récente ayant vu le jour en janvier, le centre al-Mabani est l’un des lieux vers lesquels sont redirigés les migrants interceptés en mer par les garde-côtes libyens. Quelque 1 500 personnes s’y trouvent actuellement.

« Durant les jours et les semaines qui ont précédé la fusillade, les tensions n’ont cessé de croître dans le centre », poursuit Béatrice Lau. Une conséquence claire de l’explosion du nombre de détenus, selon elle : la population à l’intérieur d’al-Mabani est ainsi passée, en l’espace de quelques jours début février, de 300 personnes à plus de 1 000, signe de la hausse des interceptions en mer d’embarcations de migrants par les garde-côtes libyens.

Depuis le début de l’année, près de 4 000 migrants ont été récupérés en mer Méditerranée et ramenés en Libye, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Un record au regard des années précédentes.

« Il y a désormais environ trois personnes par mètre carré dans ce centre. Les détenus sont entre 220 et 250 par cellule », dénonce Béatrice Lau, qui est intervenue à plusieurs reprises sur place.

« Pas d’eau potable, presque pas d’ouverture ni de ventilation »

À l’intérieur, les conditions ne sont pas adéquates pour un si grand nombre de personnes. « Il n’y a pas d’accès à l’eau potable », commente encore Béatrice Lau, précisant que MSF apporte depuis des semaines des bouteilles d’eau minérale aux détenus mais que cette situation n’est pas tenable pour l’ONG. « Il n’y a presque pas d’ouverture dans les cellules et une ventilation minimale, c’est horrible à l’intérieur. Beaucoup de gens dorment près des latrines car c’est le seul endroit d’où ils peuvent voir un peu la lumière naturelle. »

Chaque cellule est équipée de trois ou quatre toilettes pour plus de 200 personnes à l’heure actuelle. Un ratio bien en dessous des normes acceptables, dénonce encore la responsable de MSF.

Le drame d’al-Mabani vient rappeler que les centres de détention en Libye sont des endroits « dangereux » pour ceux qui y sont enfermés, a affirmé l’ONG dans son communiqué. Des décès, des fusillades et des incidents impliquant des gardes faisant usage de force physique envers des migrants dans ce genre de structures en Libye ont été rapportés ces derniers mois.

« Rien qu’en février, notre équipe médicale a traité 36 détenus pour des fractures, des traumatismes, des blessures à l’œil, des blessures par balles et des problèmes aux membres dans différents centres de détention », a déclaré Ellen van der Velden, responsable des opérations de MSF en Libye.

Ce même mois, 350 migrants, dont plus de 100 enfants, ont été libérés d’une prison tenue secrète dans le sud-est du pays. Beaucoup d’entre eux souffraient de malnutrition et avaient été maltraités, selon l’OIM.

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