Loi d’extradition: La colère gronde à Hong Kong

Hong Kong s’est réveillé ce lundi dans un sentiment de colère, au lendemain d’attaques brutales contre des manifestants prodémocratie par des agresseurs suspectés d’appartenir aux triades. Des gangs d’hommes armés de bâtons, de tringles métalliques voire de battes de baseball, vêtus pour la plupart de t-shirts blancs, ont fondu sur des manifestants antigouvernementaux. Ces derniers venaient de participer à une nouvelle manifestation monstre – 430 000 participants, selon les organisateurs -, alors que la vague de contestation déferle depuis le 9 juin.

Sur les images des attaques commises à Yuen Long, dans le nord de Hong Kong, on pouvait voir des gens en train de hurler tandis que les agresseurs passaient à tabac manifestants et journalistes dans une station de métro et dans les rames elles-mêmes. Des flaques de sang étaient visibles au sol.

D’après les autorités, 45 personnes ont été blessées lors de ces attaques. Un homme est dans un état critique et cinq autres personnes sont dans un état grave.

La police accusée de n’avoir pas suffisamment réagi

De nombreuses voix se sont élevées pour critiquer la police de l’ex-colonie britannique revenue en 1997 dans le giron chinois, accusant les forces de l’ordre d’avoir mis plus d’une heure pour arriver sur les lieux, malgré les appels à l’aide répétés des personnes attaquées. La police est également dénoncée pour n’avoir procédé à aucune arrestation alors que les agresseurs sont restés dans les rues autour de la station de métro de Yuen Long jusqu’aux petites heures du matin.

Des images ont montré des hommes portant des t-shirts blancs en train de quitter les lieux à bord de véhicules arborant des plaques d’immatriculation chinoises.

Lam Cheuk-ting, un député démocrate, figure parmi les blessés, avec des lacérations au visage et aux bras. Il a critiqué la réaction de la police et mis en cause « les triades ». « Ces agissements très violents et barbares violent complètement la ligne rouge de la société civilisée hongkongaise », a-t-il lancé.

Ces affrontements alimentent la crainte que les triades, bandes criminelles présentes à la fois à Hong Kong et sur le continent, sont en train de s’immiscer dans la crise politique. Yuen Long est situé dans les Nouveaux territoires, près de la frontière avec la Chine, où les bandes criminelles et les comités ruraux proPékin sont très influents. Des attaques similaires contre des manifestants lors de l’immense « mouvement des parapluies » de l’automne 2014 avaient également été imputées aux triades.

Gaz lacrymogène pour disperser les manifestants

Le mouvement contre le gouvernement local pro-Pékin est parti du rejet d’un projet de loi désormais suspendu visant à autoriser les extraditions vers la Chine. Mais la contestation s’est élargie à des revendications plus vastes, l’exigence de réformes démocratiques, l’instauration du suffrage universel et la fin de l’érosion des libertés dont jouit le territoire semi-autonome.

Tandis que des bandes armées se déchaînaient à Yuen Long, la police faisait face dimanche soir à des manifestants radicaux au cœur de l’île de Hong Kong. Des policiers anti-émeutes ont tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes contre les contestataires, qui s’en étaient pris quelques heures plus tôt au Bureau de liaison du gouvernement chinois à Hong Kong.

Les manifestants ont ainsi jeté des œufs et inscrit des graffitis sur la façade du bâtiment, nouveau défi à l’autorité de Pékin après la mise à sac en début de mois du Parlement hongkongais. Wang Zhimin, le chef du Bureau de liaison, a dénoncé lundi une atteinte à « l’ensemble du peuple chinois ».

Malgré la crise, ni le gouvernement non élu de Hong Kong, ni Pékin ne semblent pour le moment vouloir changer de cap.

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