Meurtre de Khashoggi : « la paralysie » de l’ONU a retardé le cours de la justice

Courrier arabe

Lors d’une conférence de presse suite à une rencontre avec la commission des droits de l’homme à Genève hier mercredi, l’enquêtrice spéciale des Nations Unis Agnès Callamard, a lancé une attaque contre le secrétaire général de l’ONU António Guterres, lui reprochant de n’avoir pas pris ses responsabilités.

A l’issue de près de six mois d’enquête sur l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi le 2 octobre 2018 à l’intérieur du consulat saoudien à Istanbul, l’experte française a affirmé qu’elle détient suffisamment de « preuves crédibles » pour justifier l’ouverture d’une enquête internationale afin d’établir les responsabilités de hauts responsables saoudiens dont le prince héritier Mohammed Ben Salmane et son conseiller Saoud al-Qahtani dans le meurtre de Khashoggi.

Callamard, précisant qu’elle s’exprime en tant qu’experte indépendante et non pas au nom de l’ONU, avait appelé la semaine dernière le secrétaire général de l’ONU à déclencher cette enquête. Mais le porte-parole de Guterres avait répondu que le secrétaire général n’en avait pas le pouvoir et qu’il fallait qu’au moins un État membre de l’ONU en fasse la demande.

« J’ai été déçue », a-t-elle confié aux journalistes. « Je ne crois même pas qu’il faille une demande officielle d’un État membre », a-t-elle dit en appelant les États membres à prendre cette responsabilité de demander une enquête.

Callamard a considéré que les enquêtes officielles menées en Arabie saoudite n’ont pas pris en compte la chaîne du commandement et celui qui a ordonné le crime.

De son côté, l’ambassadeur saoudien auprès de l’ONU, Abdel Aziz Alwassil, a vivement réagi en dénonçant un rapport basé sur « des préjugés et des idées préconçues » et en accusant Agnès Callamard d’avoir outrepassé son mandat.

Rappelons que l’enquêtrice spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Agnès Callamard, avait révélé le 19 juin l’existence de « preuves crédibles » sur l’implication de hauts responsables saoudiens dont le prince héritier Mohammed Ben Salmane dans l’assassinat de Khashoggi.

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