Paris réclame la libération de la chercheuse Fariba Abdelkhakh « otage »

La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah est détenue depuis le 5 juin 2019. Roland Marchal, son compagnon, a été relâché fin mars.

Cela fait exactement un an aujourd’hui que Fariba Adelkhah, chercheuse franco-iranienne à Sciences Po Paris, est détenue par Téhéran. Selon l’avocate iranienne et Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, elle est « otage » des autorités iraniennes à des fins de marchandage. « Fariba Adelkhah est un otage du gouvernement iranien. Elle n’a commis aucun crime », a déclaré Shirin Ebadi dans une vidéo diffusée vendredi par Sciences Po Paris, qui emploie la chercheuse, un an, jour pour jour, après son arrestation à Téhéran. L’anthropologue a été condamnée à cinq ans de prison le 16 mai pour « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale ». Incarcérée dans la prison d’Evine à Téhéran, cette spécialiste du chiisme, née en Iran en 1959 et vivant en France depuis 1977, a toujours clamé son innocence.

Son compagnon, l’africaniste français Roland Marchal, arrêté en même temps qu’elle et chercheur comme elle à Sciences Po Paris, a fini par être relâché en mars. Selon Téhéran, il a alors été échangé contre un ingénieur iranien détenu en France et menacé d’extradition vers les États-Unis. Pour la Prix Nobel de la paix, le gouvernement iranien les a pris en otage à des « fins politiques », pour faire « libérer ses propres prisonniers, recevoir de l’argent ou autre ».

Un procès « injuste »

Une quinzaine d’étrangers, souvent binationaux, ont été arrêtés et condamnés dans des circonstances similaires ces dernières années, selon le comité de soutien de Fariba Adelkhah. « Le procès qui lui a été fait est injuste », poursuit la Prix Nobel de la paix 2003, relevant que la chercheuse n’a « pas eu droit à un avocat durant les premiers mois de son incarcération et durant ses interrogatoires ». « Durant des mois, ils l’ont interrogée, torturée » et « contrainte à parler contre elle-même », poursuit Shirin Ebadi.

Ce vendredi 5 juin, Emmanuel Macron s’est exprimé sur son compte Twitter. Le président de la République estime « inacceptable » qu’elle soit toujours emprisonnée. « La justice commande que notre compatriote soit immédiatement libérée. »

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a, de son côté, réitéré « formellement l’exigence de la France d’une libération immédiate » de Fariba Adelkhah. « La poursuite de cette situation ne peut qu’avoir un impact négatif sur la relation bilatérale entre la France et l’Iran, et réduit substantiellement la confiance entre nos deux pays », a-t-il insisté dans un communiqué vendredi matin.

Un an après son arrestation, la Mairie de Paris affichera dans la matinée le portrait de l’anthropologue sur sa façade. Sciences Po Paris a aussi déroulé sur la sienne une bannière avec la mention « Fariba Adelkhah, chercheuse. Emprisonnée en Iran depuis le 5 juin 2019. Son combat pour la liberté est le nôtre ». Aucun rassemblement n’est en revanche prévu en raison des contraintes sanitaires liées à la crise du Covid-19.
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