Plainte déposée à Moscou au nom d’une victime syrienne à l’encontre de combattants du groupe Wagner

Jeudi dernier, une plainte a été déposée à Moscou par un proche d’un citoyen syrien torturé, tué et dont le corps a été mutilé par six membres présumés du groupe Wagner, en 2017 dans le gouvernorat de Homs Cette plainte, déposée avec le soutien du Syrian Center for Media and Freedom of Expression (SCM), de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et du Centre des Droits Humains “Memorial” (Russie) demande l’ouverture d’une procédure pénale contre ces individus.

Les avocats mandatés par la FIDH, SCM et Memorial, Ilya Novikov et Petr Zaikin, représentent le frère de la victime, Mohamad A.

C’est la toute première fois qu’une telle action est intentée par la famille d’une victime syrienne à l’encontre de suspects russes pour des crimes commis en Syrie. La plainte demande l’ouverture d’une enquête sur ce meurtre commis avec une extrême cruauté et que soit établie la responsabilité des auteurs présumés de ces crimes, incluant des crimes de guerre.

Ilya Novikov, l’un des avocats du plaignant, explique : « Le droit russe prévoit l’obligation pour l’État d’enquêter sur les crimes commis par des citoyens russes à l’étranger. Le Comité d’enquête n’a, à ce jour, ouvert aucune procédure sur le crime en question, même si toutes les informations nécessaires ont été officiellement communiquées aux autorités russes il y a plus d’un an ».

Le groupe Wagner, organisation informelle essentiellement composée de combattants russes agissant sous le contrôle effectif de la Fédération de Russie, est actif depuis plusieurs années dans des opérations militaires, notamment en Syrie. Il est connu pour son implication dans de graves violations des droits humains contre des civils, parfois accompagnées d’une extrême cruauté. L’ambiguïté du statut légal du groupe en vertu de la loi russe, et le refus des autorités russes de reconnaître les liens de dépendance entre Wagner et Moscou, sont des moyens utilisés par la Russie pour s’exonérer de toute responsabilité dans les crimes internationaux commis par les membres de Wagner.

Nos organisations ont produit des preuves attestant de l’identité des accusés et de leur engagement dans les rangs du groupe Wagner. La famille de la victime, Mohamad A., qui avait fui la Syrie, n’a plus jamais entendu parler de lui depuis son retour du Liban en Syrie au printemps 2017, jusqu’à ce que des vidéos de son corps torturé et mutilé apparaissent dans des médias russes et syriens.

Le statut de membre permanent du Conseil de sécurité de la Russie renforce sa responsabilité vis-à-vis des crimes commis par ses unités militaires ou par des groupes privés qui opèrent sous son contrôle effectif. Depuis dix ans que dure le conflit syrien et cinq qu’a commencé l’engagement direct de la Russie sur le territoire syrien, Moscou a utilisé son droit de veto des dizaines de fois pour bloquer toute tentative en faveur de la lutte contre l’impunité des crimes commis en Syrie.

« Nos organisations travaillent depuis des mois pour déposer cette plainte devant la justice russe avec suffisamment d’éléments de preuve pour que la responsabilité des individus impliqués soit engagée. Nous continuerons de recourir à toutes les voies légales disponibles jusqu’à ce que justice soit faite » a déclaré Clémence Bectarte, coordinatrice du Groupe d’action judiciaire de la FIDH.

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