Tel-Aviv : les Arabes israéliens sont contre la loi sur « l’État-nation du peuple juif »

Israelis take part at a protest march against Proposed Nation-state Law in Tel Aviv on July 14, 2018. Photo by Tomer Neuberg/Flash90 *** Local Caption *** äôâðä ùîàì úì àáéá öòãä çå÷ äìàåí îôâéï îôâéðéí ðâã

Plusieurs milliers de manifestants ont protesté à Tel Aviv contre la nouvelle loi déclarant Israël comme « l’État-nation du peuple juif ». Le texte suscite la colère des minorités arabe et druze du pays.

Des dizaines de milliers d’Arabes israéliens ont manifesté, samedi 11 août, à Tel-Aviv pour dénoncer la loi définissant Israël comme « l’État-nation du peuple juif ». D’après la télévision publique israélienne, la manifestation a réuni plus de 30 000 personnes.

Le rassemblement a eu lieu à l’initiative d’organisations représentant la minorité arabe israélienne, qui constitue 17,5 % de la population. La semaine dernière, une énorme manifestation avait réuni des druzes, une autre minorité, opposée elle aussi à cette loi.

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Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l’État d’Israël en 1948. Pour les minorités druze et arabe, la loi fait d’eux des citoyens de seconde zone.

Des juifs israéliens se sont joints aux manifestants qui ont crié en hébreu et en arabe « Égalité, égalité ! », « On ne se taira pas, l’Apartheid ne passera pas ! », tout en traitant le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, de « fasciste ».

Recours à la Cour suprême

La loi votée par le Parlement le 19 juillet avec le soutien du chef du gouvernement confère aux juifs le droit « unique » à l’autodétermination en Israël et proclame que l’hébreu est la seule langue officielle d’Israël, l’arabe n’ayant qu’un statut « spécial » qui n’a pas été défini. Aucun article ne mentionne l’égalité entre les citoyens ou le caractère démocratique du pays, faisant craindre que le caractère juif d’Israël ne prime sur les autres principes.

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Ce texte inquiète d’autant plus les minorités que le document fait partie des lois fondamentales qui font office de Constitution, inexistante en Israël. Cinq appels ont été déposés contre la loi devant la Cour suprême.

Benjamin Netanyahou a affirmé dimanche qu’il n’avait pas l’intention d’amender la loi en expliquant que sans ce texte, « il sera[it] impossible de garantir pendant des générations l’avenir d’Israël en tant qu’État national juif ».

« Légalisation de la discrimination »

Après s’être rassemblés sur la place Yitzhak Rabin, les manifestants se sont rendus sur l’esplanade du musée d’Art de Tel-Aviv. « Il s’agit d’une loi raciste qui rappelle l’Apartheid en Afrique du Sud », a déclaré à l’AFP Mohammad Barake, qui préside le Haut comité de suivi des Arabes israéliens. Cette organisation a présenté un des cinq appels contre cette loi devant la Cour suprême.

Amos Shoken, le patron du quotidien d’opposition israélienne Haaretz présent à la manifestation, a appelé les Arabes israéliens « à ne pas désespérer pour ne pas faire de cadeau à la droite extrémiste » et à « continuer à se mobiliser contre un texte qui légalise la discrimination ».

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