The Economist: le gouvernement britannique enquête sur une influence saoudienne dans certains médias

Courrier arabe

Le magazine « The Economist » a abordé le sujet de l’enquête menée par le gouvernement britannique autour de l’influence de l’Arabie saoudite sur la presse, indiquant que le propriétaire russe des deux journaux « Evening Standard » et « The Independent » a introduit l’argent saoudien, ce qui a suscité une large controverse.

Le magazine a commencé son article ainsi: « à la gare Waterloo des trains à Londres, des piles de « Evening Standard » sont régulièrement lus par les voyageurs épuisés en rentrant chez eux. Le journal couvre principalement les questions du quotidien et du style de vie, loin de la politique. Toutefois, un sondage d’opinion auprès des lecteurs a montré leurs inquiétudes vis-à-vis de l’achat récent de 30% des actions de cette société par un Sultan saoudien pour un coût de 31 millions de dollars ».

Jess Pemberton, un artiste de Cornouailles, a indiqué au magazine britannique que les journaux représentent la liberté d’expression, « c’est donc de l’hypocrisie que le Evening Standard soit appuyé par l’Arabie Saoudite », a-t-il souligné.

Le magazine ajoute qu’une telle position rejoint la décision prise par la ministre de la Culture, Jeremy Whright, le 27 juin passé, d’ouvrir une enquête sur cette procédure d’achat effectuée par le Sultan Mohammad Abuljadayel, un banquier peu connu qui aurait probablement des liens avec le gouvernement saoudien.

Le ministère de la Culture a décrit cet achat comme une éventuelle prise de participation par un « État étranger ». Cet investissement n’est pas le seul en son genre, relève le magazine. Le premier était en 2017, il concerne l’achat de 30% des actions de « Independent Digital News and Media Ltd », propriétaire de « The  Independent », un journal bien plus lourd que « Evening Standard ».

L’année suivante, « The Independent » a accepté de créer des versions arabe, ourdou, perse et turque sous forme de sites web. Cela en collaboration avec « Saudi Research and Marketing Group » (le groupe saoudien de recherche et marketing), une société de médias liée à la famille royale saoudienne, perçue comme une branche du soft power du pays.

Le même magazine explique qu’il incombe maintenant à « Ofcom« , le régulateur des médias ainsi qu’à l’autorité de la concurrence et des marchés, d’examiner si l’Arabie saoudite va influencer la manière de présentation des informations et la liberté d’expression. « Au cœur de cette enquête, les projecteurs seront braqués sur toute relation liant Abuljadayel au régime saoudien », affirme « The Economist ».

La société « Lebedev Holdings », propriétaire du journal « Evening Standard » et de « Independent Digital News and Media » a fait pression contre cette enquête. Les deux journaux affirment que le ministère de la Culture n’a aucun motif valable pour intervenir dans cette fusion. Le magazine ajoute que plusieurs voix en Grande-Bretagne se sont élevées affirmant que les journaux ont besoin de tout cash. Les deux entreprises assurent que l’Arabie saoudite, par son investissement, va maintenir à flot le  » Evening Standard » déficitaire.

En se basant sur le rapport de « Ofcom » et de l’autorité de la concurrence et du marché qui sera publié le mois d’août prochain, le ministère de la Culture pourrait demander des solutions pour limiter l’influence saoudienne ou demander de l’autorité de la concurrence et du marché de mener une enquête sur tous les accords d’Abuljadayel ou encore forcer Lebedev à se désengager de l’accord, même si Nicole Kar, chef de « Linklaters », une entreprise spécialisée dans le droit, écarte cette possibilité compte tenu des accords similaires conclus auparavant.

The Economist conclue en affirmant que de toutes les façons, la majorité des lecteurs de « The Independent Digital » ainsi que les 1.4 millions de londoniens lisant « Evening Standard » resteront dans l’ignorance de la source qui finance ces deux journaux.

Rappelons que l’Arabie saoudite œuvre pour acheter des actions dans différentes entreprises médiatiques à travers le monde tantôt directement tantôt indirectement. Cette démarche vise à manipuler l’opinion publique occidentale et à dissimuler la grave situation des droits de l’homme au royaume.

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