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Tunisie : L’ancien vice-président du parlement décide de se retirer de la vie politique

L’ancien vice-président de l’Assemblée des représentants du peuple (Parlement tunisien) et chef de file du « Mouvement Ennahdha », Abdelfattah Mourou, a annoncé, mardi, dans une déclaration à une radio locale, qu’il avait décidé de se retirer de la vie politique.

Le Cheikh Mourou a souligné qu’il avait pris cette décision après avoir fait une évaluation de sa propre performance politique, tenant à préciser, lors de son intervention : « mon ressenti est que l’étape actuelle ne me concerne plus ». Il a cependant souligné que cette décision n’a rien à voir avec les polémiques qui ont accompagné le report du congrès du « Mouvement Ennahdha ».

Et de préciser qu’il avait l’intention de retourner à l’exercice de sa profession d’origine, étant, depuis 40 ans, avocat au barreau de Tunis.

Mourou qui n’a pas réussi à atteindre le second tour des élections présidentielles de 2019, arrivant en troisième position derrière l’homme d’affaire, Nabil Karoui, et l’actuel président, l’Universitaire Kais Saied, avait déjà déclaré au terme de sa défaite électorale, qu’il envisageait de changer son approche de l’action publique, préférant ainsi se dédier à l’action associative et sociétale.

Abdelfattah Mourou a déclaré être « un citoyen ordinaire de 72 ans, concerné par les affaires publiques, comme tout tunisien », mais qu’il n’exerce plus « aucune responsabilité au sein du « Mouvement Ennahdha » ».

Apprécié par un pan considérable de la société tunisienne, toutes mouvances et idéologies confondues, l’ancien vice-président du parlement tunisien est réputé pour sa pensée ouverte à tous les courants idéologiques et politiques, et pour son érudition.

L’homme, qui parle couramment l’arabe, le français et l’allemand, est l’un des rares à pouvoir s’adresser aux différentes couches sociales tunisiennes quels que soient leurs niveaux d’éducation.

Son ouverture lui a parfois été reprochée par certains tenants de la mouvance islamique en Tunisie, comme par les tenants du camp opposé, comme le résumait l’analyste politique tunisien Slaheddine Al-Jourchi dans un article publié par le journal « Al-Arabi Al-Jadeed » le 12 septembre 2019.

« Il y a ceux qui pensent que c’est une figure exceptionnelle, qui a réussi à réconcilier religion et modernité, et à concilier appartenance identitaire et capacité à s’ouvrir. C’est pourquoi les conservateurs l’apprécient. Alors que d’autres voient en lui un personnage factieux, qui ne dit pas ce qu’il pense, et qui ne diffère en rien de ceux qui utilisent l’Islam pour arriver au pouvoir », peut-on lire sous la plume d’Al-Jourchi.

Alors qu’il était encore vice-président du « Mouvement Ennahdha », Abdelfattah Mourou, qui est l’un des principaux fondateurs du « Mouvement de la tendance islamique » (MTI) en 1981, avait accordé, le 1er novembre 2019, une interview à la BBC, au cours de laquelle il avait a nié l’existence d’une relation entre Ennahda et les Frères musulmans. Et de préciser que « bien que ses fondateurs aient grandi avec (la pensée) des Frères (musulmans) à la fin des années 1970, comme tous ceux qui ont grandi dans la tendance islamique à l’époque, le « Mouvement Ennahdha », appelé à l’époque « Mouvement de la tendance islamique » (MTI), s’est séparé des Frères musulmans à la fin des années 1970, lorsqu’il a estimé que la pensée des Frères musulmans ne répondait pas aux besoins de la Tunisie. »

Mourou était auparavant allé plus loin dans sa critique du rapport des mouvements d’obédience islamique à l’action politique. C’est ainsi qu’il a tenu un discours virulent lors d’une rencontre organisée par la jeunesse du parti marocain « Justice et développement », en 2014, reconnaissant explicitement que « l’expérience des islamistes était imparfaite au niveau de la lecture du texte islamique et de la réalité. »

Et de renchérir lors de cette même intervention : « parmi les erreurs des islamistes, il y a l’attitude envers l’État, nous n’avons pas compris la réalité de l’État national qui est apparu dans nos patries après que le monde musulman ait été soumis au colonialisme, et nous sommes restés attachés à une autre logique dans le traitement de la question de l’État ».

« En lieu et place du débat sur l’État, nous, islamistes, étions préoccupés par la discussion sur « l’universalité islamique », et nous avons ignoré des questions importantes telles que la citoyenneté et les relations avec les non-musulmans dans nos pays d’origine, la position vis-à-vis de la gauche et des communistes, la position envers (les droits de) la femme et les questions des droits des travailleurs et des libertés publiques », avait-il alors conclu.

Les tunisiens retiendront de Mourou l’image de cet homme en habit traditionnel, marchant seul sous un soleil de plomb, derrière le véhicule qui transportait la dépouille du défunt président tunisien, Beji Caid Essebsi, du palais de Carthage à son dernier lieu de repos, au cimetière du Jellaz, au sud de Tunis.

Il avait affirmé durant la campagne présidentielle, que si le défunt (Beji Caid Essebsi) était encore en vie et était à nouveau candidat à la présidence, il n’aurait pas présenté sa candidature à la magistrature suprême, considérant que Caid Essebsi avait su « gérer les affaires de l’Etat dans les moments difficiles que traversait le pays ».

Les deux hommes qui étaient avocats au barreau de Tunis s’appréciaient mutuellement, ce que n’a pas manqué de rappeler Abdelfattah Mourou en déclarant « Maître Beji Caid Essebsi est une grande figure de l’histoire de la Tunisie ».

SourceAgences

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