Accord Commercial : Etats-unis-Chine-marchés : « Une forme de deal à trois »

L’économie mondiale ayant le mot « récession » en tête, il était urgent que les banques centrales, les Etats-Unis et la Chine s’accordent, même si les signes avant-coureurs d’une crise sont toujours là, constate l’analyste financier Karl Eychenne, dans une tribune au « Monde ».

Tribune. La peur du vide aura eu le dernier mot. Les autorités américaine et chinoise ont réussi, vendredi 11 octobre, à signer un accord a minima qui est le signe que les deux parties pouvaient se parler sans se fâcher. Les détails de cet accord commercial sont anecdotiques, et se résument par la formule suivante : « Nous nous sommes mis d’accord pour trouver un accord en décembre. » Cette phrase n’a jamais été prononcée, mais nous ne sommes pas loin de la vérité.

Il s’agissait pour les Etats- Unis et la Chine de gagner du temps, ainsi que d’inviter les marchés à patienter avec eux : une forme de deal à trois. Les marchés ont semblé apprécier, en témoigne le retour sur les actifs les plus sensibles au cycle économique au détriment des actifs refuges. Mais, à y regarder de plus près, il semblerait que les investisseurs aient fait preuve de beaucoup de retenue. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que les marchés surfent sur des deals éventuels, finalement remis en question quelques jours plus tard. Alors, nos marchés sont-ils rancuniers ? Trop timorés ? Ou bien le malaise est-il plus profond ? Les trois.

Depuis plus d’un an maintenant, les marchés d’actions et du crédit surfent sur les annonces de deal puis de no deal entre les Etats-Unis et la Chine. Ainsi, l’annonce d’un accord prochain dope ponctuellement les marchés, avant que l’annonce de sa non-réalisation refroidisse les ardeurs. A voir les performances des marchés d’actions depuis le début de l’année, on pourrait se dire que, finalement, l’anticipation d’un deal l’a emporté : en effet, ces marchés sont en hausse de près de 20 %. Mais, à bien y regarder, deux faits marquants valident plutôt la thèse de la rancune des investisseurs :

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D’une part, les taux d’intérêt à 10 ans ont baissé de près de 1 % depuis le début de l’année, ce qui aurait pu justifier une hausse quasi-double des marchés d’actions : soit près de 40 %. Si les marchés d’actions n’ont pas autant monté, c’est qu’ils ont été retenus : les investisseurs ont exigé une prime de risque bien plus forte pour accepter de détenir des actifs risqués plutôt que des actifs sans risque, annulant près de la moitié de l’effet favorable des taux.

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