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Covid-19: le vaccin de Pfizer redonne espoir, mais voici 8 défis à relever

Est-ce la meilleure nouvelle de 2020? Lundi 9 novembre, la société Pfizer a annoncé que son vaccin contre le coronavirus était efficace à 90% selon des données préliminaires.

Pour limiter, voire stopper la pandémie de Covid-19, on sait depuis le mois de janvier qu’un vaccin est une des armes les plus efficaces. Et on s’attendait également à ce que les premiers résultats des essais cliniques de phase 3 commencent à tomber à la fin de l’année.

Mais peu de scientifiques espéraient une annonce aussi spectaculaire, qui redonne à raison de l’espoir dans ces temps moroses. Pour autant, il ne faut pas croire que la guerre est gagnée. Loin de là. Il reste beaucoup d’inconnues autour du vaccin de Pfizer. Et même quand les données seront plus claires, même s’il est autorisé rapidement, la guerre vaccinale contre le coronavirus ne fera en réalité que commencer.

C’est ce qu’ont déclaré de nombreux épidémiologistes et virologues suite aux annonces de Pfizer sur Twitter*. Voici, en résumé, ce qu’il faut savoir sur ces résultats et sur les défis à relever.

Ce que l’on sait sur le vaccin de Pfizer

Selon l’OMS, 10 candidats-vaccins sont actuellement testés en phase 3. Cela veut dire qu’on a injecté le produit à des dizaines de milliers de personnes et qu’en parallèle, on a injecté un placebo à un nombre équivalent de cobayes. L’objectif: vérifier que le vaccin est sûr (qu’il n’y a pas d’effet secondaire grave) et efficace (que l’on est davantage protégé contre le coronavirus quand on a reçu le vaccin plutôt que le placebo).

Dans le cas de Pfizer, 43.538 personnes de 16 à 85 ans se sont portées volontaires pour être vaccinées. 38.955 ont déjà reçu une deuxième injection. Car pour ce vaccin, Pfizer estime que deux doses doivent être reçues pour qu’il soit pleinement efficace.

Sur ces cobayes, 94 personnes ont eu le Covid-19. Et sur ces 94 personnes, 90% ont reçu le placebo plutôt que le vaccin. Cette efficacité de 90% est une grosse surprise. Beaucoup de chercheurs s’attendaient à un chiffre plutôt situé entre 50 et 70%, car les vaccins contre les maladies respiratoires sont notoirement peu efficaces.

Surtout, cet essai de phase 3 arrive après d’autres tests (phase 1 et 2) sur un plus petit nombre de personnes. Et ces premiers essais cliniques montraient déjà une production d’anticorps plutôt satisfaisante. Ce nouveau chiffre préliminaire confirme que ces anticorps semblent bien produits dans des proportions efficaces pour éviter à beaucoup de monde de tomber malade du Covid-19.

Ce qu’il manque pour une autorisation du vaccin

Il faut 164 cas de Covid-19 recensés parmi les 43.538 volontaires pour avoir une estimation statistiquement fiable de l’efficacité du vaccin. C’est pour cela que l’analyse de 94 cas est préliminaire. Il est donc possible que l’efficacité finale du vaccin soit plus faible (mais peut-être encore plus importante).

De plus, l’analyse des résultats et l’autorisation de commercialisation (aux États-Unis) ne peuvent commencer que deux mois après l’injection de la seconde dose, afin de vérifier que les effets secondaires du vaccin sont acceptables. Au vu des précédents tests, ceux-ci sont suffisamment légers pour permettre une autorisation (douleur locale, fatigue, parfois de la fièvre). Mais cela doit être vérifié sur un plus grand nombre de personnes. C’est également le but de cet essai de phase 3.

Qui est vraiment protégé par le vaccin et comment?

Il faudra également vérifier le détail des statistiques pour savoir plusieurs choses.

Le vaccin empêche-t-il complètement l’infection? Ou rend-il simplement asymptomatique? Dans ce cas, ce serait déjà une bonne nouvelle, car cela pourrait protéger des risques de la maladie. Mais une personne vaccinée pourrait tout de même propager le coronavirus. Le vaccin ne permettrait donc pas d’éradiquer le Covid-19.

Le vaccin est-il aussi efficace pour protéger les cas très symptomatiques? En clair, est-ce qu’une personne qui aurait fini par être très malade, voire par décéder, pourrait être aussi bien protégée? Si ce n’est pas le cas, ce serait une grosse déception. Ce que les chercheurs vont notamment scruter, c’est l’efficacité par tranche d’âge (car on sait que les personnes âgées ont plus de risque de développer une forme grave de la maladie).

Combien de temps est-on protégé? Actuellement, les données préliminaires laissent penser que le vaccin de Pfizer protège au moins pendant quelque temps. Cela fait un mois que la plupart des cobayes ont reçu la première dose (7 jours pour la deuxième). Il faudra continuer de suivre l’évolution des cobayes dans les mois à venir pour savoir combien de temps dure l’immunité. Dans une récente étude publiée dans Science, des chercheurs ont montré que les anticorps produits par une personne qui a été malade du Covid-19 restent présents au moins 5 mois à un niveau suffisant.

Même s’il fonctionne, comment administrer le vaccin?

Mais imaginons que le vaccin fonctionne vraiment. Qu’il soit parfait. Rien ne serait alors gagné. Car il faut encore arriver à vacciner la population. Déjà, il y a la question de la production. Pour l’instant, Pfizer pense pouvoir produire 50 millions de doses d’ici la fin de l’année et 1,3 milliard en 2021. C’est beaucoup, mais comparé à la population mondiale, c’est peu, surtout s’il faut deux doses par personne.

En fonction de l’efficacité, on cherchera donc sûrement à protéger les plus vulnérables dans un premier temps. Mais le Graal serait de vacciner une partie suffisante de la population (environ 80%) pour atteindre une immunité collective et éradiquer véritablement le coronavirus. Ce qui devrait prendre beaucoup de temps.

Il y a également un gros problème logistique avec le vaccin de Pfizer: il doit être stocké dans des compartiments réfrigérés à -80°C, un défi logistique. Mais les laboratoires travaillent déjà à trouver des solutions, à la fois en améliorant le transport ou en cherchant des moyens de pouvoir le stocker à des températures plus classiques.

Un vaccin différent des concurrents, mais…

Le vaccin de Pfizer repose sur une technologie nouvelle (mRNA) et sera scruté de près, car ce serait la première fois qu’un tel produit sera commercialisé. La Haute autorité de santé avait précisé au HuffPost en octobre qu’il faudra être particulièrement attentif et scruter de possibles effets secondaires rares quand les vaccinations commenceront.

La phase 3 permet de s’assurer qu’il n’y a pas un risque grave et relativement fréquent. Mais si le problème n’arrive qu’à une personne sur 100.000, il y a peu de chance qu’un test réalisé sur 44.000 cobayes mette au jour cette complication. C’est pour cela qu’une fois la commercialisation du vaccin démarrée, il y aura un suivi important des personnes traitées.

Si le vaccin de Pfizer utilise une technologie nouvelle, il est par contre similaire à la plupart des autres vaccins contre le Covid-19 actuellement en développement sur un point: tous ciblent une protéine bien particulière du coronavirus, celle qui lui permet de se fixer à une cellule humaine pour l’infecter.

Si le vaccin de Pfizer a vraiment de si bons résultats, il y a de bonnes chances que les dizaines d’autres en cours de test soient eux aussi plutôt efficaces. Et plus il y aura de vaccins, plus il sera facile de résoudre tous ces défis. En attendant, il va falloir continuer à endiguer la pandémie avec les outils actuels.

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