Covid-19: une octogénaire décède dans l’Oise, troisième mort en France

La France, qui compte 178 cas de contamination depuis fin janvier, est devenue l’un des principaux foyers du coronavirus en Europe, avec l’Italie et l’Allemagne. Plusieurs mesures ont été annoncées par l’exécutif, comme l’annulation de tous les rassemblements en milieu fermé de plus de 5 000 personnes.

  • Troisième décès en France

La France a répertorié, lundi 2 mars, 178 cas confirmés de coronavirus, selon les chiffres de Santé publique France. Selon les informations du Monde, une troisième personne contaminée est morte lundi. Selon des sources concordantes à l’Agence France-Presse (AFP), il s’agit d’une personne originaire de Crépy-en-Valois (Oise), où travaillait le professeur de technologie de 60 ans qui est mort dans la nuit du 25 au 26 février, à la Pitié-Salpêtrière à Paris. La troisième personne morte en France est un touriste chinois de 80 ans, le 14 février.

Au total, douze régions ont rapporté des cas, trois d’entre elles en comptent plus de dix : l’Ile-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et les Hauts-de-France. La Guadeloupe en a rapporté pour la première fois. « En termes de répartition, 72 font partie d’une chaîne de transmission ou d’un cluster [regroupement de cas], 35 reviennent de zones à l’étranger où circule le virus, 23 cas récents sont en cours d’investigation, 7 ont été détectés par le test systématique des pneumonies graves ou des détresses respiratoires aiguës », a précisé le directeur général de la santé, Jérôme Salomon.

Sur les 178 cas recensés en France, 12 personnes sont guéries et 116 sont hospitaliséesdont 9 sont dans une situation clinique grave.

  • Le préfet de l’Oise confiné

Louis Le Franc, le préfet de l’Oise, a été placé à l’isolement dimanche. Il « n’a pas encore été testé, mais il est confiné par mesure de précaution parce qu’il a côtoyé le maire » de Crépy-en-Valois, a déclaré la préfecture de l’Oise confirmant une information du Courrier picard.

« Il est confiné dans son bureau, mais continue de travailler avec ses collaborateurs par téléphone » ou « à une distance raisonnable », a précisé cette même source. Il peut se déplacer entre son bureau et son domicile situé au sein même de la préfecture.

Le sous-préfet de Senlis a également été placé à l’isolement, selon la préfecture, tout comme le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France, Etienne Champion, et son directeur de cabinet.

  • Des mesures strictes dans les principaux foyers de propagation

Des mesures strictes ont été prises pour les trois principaux foyers de propagation du virus (SARS-CoV-2) en France : l’Oise, d’où sont issus 47 cas, la commune de La Balme-de-Sillingy, en Haute-Savoie (10 cas), et le Morbihan (13 cas). Tous les rassemblements y sont interdits.

Dans ces premiers clusters français, la fermeture des écoles a été imposée à compter de lundi — jusqu’au 14 mars. Neuf communes de l’Oise sont concernées (Creil, Crépy-en-Valois, Vaumoise, Lamorlaye, Lagny-le-Sec, La Croix-Saint-Ouen, Montataire, Nogent-sur-Oise et Villers-Saint-Paul). En Haute-Savoie, les fermetures concernent la commune de La Balme-de-Sillingy. Dans le Morbihan, 5 700 élèves sont restés chez eux lundi dans les communes de Crac’h, Auray et Carnac. Les crèches et l’accueil périscolaire sont également fermés.

Dans la matinée, la préfecture du Morbihan a annoncé « l’interdiction de tout rassemblement collectif »« Il s’agit de freiner l’épidémie », a expliqué le préfet. L’arrêté préfectoral court jusqu’au 14 mars, mais « nous sommes en train de poser la question au ministère pour voir s’il faut reporter le premier tour des élections » municipales, prévu le 15 mars, a-t-il ajouté.

  • Matignon demande l’avis du Comité d’éthique sur les « mesures contraignantes »

Le gouvernement a saisi le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) — dont le rôle est de guider les choix du gouvernement en matière d’éthique — pour lui demander son avis sur les « mesures contraignantes qui pourraient être prises » dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, a rapporté cet organisme, confirmant une information du journal La Croix. Cet avis devra « éclairer le lien entre impératifs de santé publique et respect des droits humains fondamentaux », selon le CCNE.

La Croix voit dans cette saisine « un signe supplémentaire que le gouvernement envisage activement le passage à la troisième phase de l’épidémie de coronavirus, correspondant au seuil d’alerte sanitaire maximale ».

  • Emmanuel Macron bouleverse son agenda pour « se concentrer sur la gestion de la crise »

« Compte tenu de l’évolution de la crise du coronavirus, le président a décidé de modifier son agenda cette semaine afin de se concentrer pleinement sur le suivi de la gestion de la crise », a annoncé l’Elysée lundi. Emmanuel Macron a reporté un déplacement dans le Gers dans le cadre de la mission menée par Stéphane Bern pour la sauvegarde du patrimoine, et un autre sur le thème de la lutte contre le « séparatisme islamiste ».

« Le président ne va pas aller faire un déplacement patrimoine avec Stéphane Bern au moment où les Français se demandent si on va passer en phase 3 et où des maires sont contaminés. Les Francais ne comprendraient pas qu’on reste sur une gestion business as usual », confie-t-on dans l’entourage du chef de l’Etat, qui effectuera plusieurs rencontres et visites sur le sujet du coronavirus.

  • Edouard Philippe en visite dans un hôpital bordelais

Edouard Philippe a exhorté lundi « chaque Français » à devenir « un acteur de la lutte » contre la propagation du nouveau coronavirus lors d’une visite au centre hospitalier universitaire (CHU) Pellegrin, à Bordeaux. Le premier ministre a rappelé « des mesures d’hygiène, de bon sens, qui sont les garanties les plus solides pour éviter la libre circulation du virus » : « se laver les mains toutes les heures au savon pendant vingt à trente secondes de façon très méticuleuse » « éternuer dans son coude » « éviter, lorsque l’on présente les premiers symptômes d’un rhume ou d’une grippe, le contact avec les personnes les plus fragiles ».

M. Philippe a aussi souligné que l’objectif du gouvernement était de « ralentir pour empêcher, ou au moins retarder, la libre circulation du virus sur le territoire qui marquerait l’arrivée dans la phase 3, c’est-à-dire l’épidémie proprement dite de coronavirus en France ». Vendredi, l’exécutif avait annoncé l’entrée dans le stade 2, entraînant par exemple l’annulation d’événements rassemblant plus de 5 000 personnes dans des lieux confinés.

Le premier ministre a également fait savoir que des « fonds nouveaux » avaient été débloqués « s’agissant de la recherche sur le vaccin » contre le nouveau coronavirus. « Ensuite, dans le cadre du plan hôpital, nous avons fait en sorte de débloquer des moyens qui sont en train d’arriver dans les hôpitaux pour créer les marges de manœuvre nécessaires afin de pouvoir être à la hauteur », a-t-il assuré.

  • Plusieurs secteurs touchés 
    Des touristes attendent devant le Louvre, à Paris, le 2 mars 2020, alors que les salariés ont voté à nouveau en assemblée générale pour exercer un droit de retrait, s’estimant menacés par l’épidémie du nouveau coronavirus. BENOIT TESSIER / REUTERS

Le Louvre est resté fermé lundi après que les salariés ont voté à nouveau en assemblée générale pour exercer un droit de retrait, s’estimant menacés par l’épidémie du nouveau coronavirus. Ils avaient déjà exercé ce droit dimanche, qui permet à un salarié de cesser le travail pour cause de danger « grave et imminent pour sa vie ou sa santé », entraînant la fermeture du musée faute de personnel.

Par ailleurs, le dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives (CRIF) prévu mardi en présence d’Emmanuel Macron a été « reporté à une date ultérieure compte tenu de la situation sanitaire exceptionnelle que connaît la France », a fait savoir lundi son président, Francis Kalifat.

Les risques liés au coronavirus ont également conduit à l’annulation par les organisateurs du salon Livre Paris, la plus grande manifestation littéraire du pays, où 160 000 visiteurs étaient attendus du 20 au 23 mars.

Du tourisme au secteur manufacturier, certains secteurs subissent déjà des effets de la propagation de la maladie. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a ainsi estimé que l’impact sur la croissance française serait « beaucoup plus significatif » que ce qu’il prévoyait jusqu’à présent, à savoir 0,1 point.

Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, a assuré qu’il n’y avait pas « de mesures spécifiques dans le secteur des transports »« Toutes les activités essentielles à la vie du pays doivent se poursuivre », a-t-elle déclaré avant d’ajouter qu’il n’« était pas question d’arrêter de faire rouler les trains », même en cas de passage au stade 3 de l’épidémie.

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