Etats-Unis : lancement du « Khashoggi Ban » qui sanctionne des dizaines de Saoudiens

Les Etats-Unis ont mis en place vendredi ce qu’ils appellent le « Khashoggi Ban », une nouvelle politique de restriction en matière de visas dans le cadre de la loi existante, destinée à punir les gouvernements qui œuvrent à réduire les dissidents au silence.

Le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, a déclaré que le premier groupe de personnes sanctionnées comprend 76 responsables saoudiens qui, selon les Etats-Unis, ont menacé des dissidents à l’étranger, notamment ceux impliqués dans le meurtre brutal en 2018 du chroniqueur du Washington Post, Jamal Khashoggi.

« Le Khashoggi Ban permet au Département d’Etat d’imposer des restrictions à l’octroi de visas aux personnes qui, agissant au nom d’un gouvernement étranger, sont soupçonnées d’avoir été directement engagées dans des activités graves et extraterritoriales visant les dissidents, notamment celles qui suppriment, harcèlent, surveillent, menacent ou nuisent à des journalistes, des activistes ou d’autres personnes perçues comme étant des dissidents », a-t-il déclaré.

Les proches des personnes sanctionnées peuvent également être soumis à des sanctions en matière de visa, selon le Département d’Etat.

Cette annonce intervient moins d’une heure après la publication par les services de renseignement américains d’un rapport non confidentiel qui attribue publiquement au prince héritier saoudien Mohammed bin Salman la responsabilité de la mort de Khashoggi.

Le rapport non confidentiel, longtemps attendu, du directeur du renseignement national (DNI) a conclu que le dirigeant de facto du royaume avait « avalisé » l’opération d’Istanbul pour « capturer ou tuer » Khashoggi.

« Nous basons cette conclusion sur le contrôle exercé par le prince héritier sur la prise de décision dans le Royaume, sur l’implication directe d’un de ses principaux conseillers et des membres de la garde rapprochée de Mohammed bin Salman dans l’opération, et sur le soutien du prince héritier à l’utilisation de mesures violentes pour réduire au silence les dissidents à l’étranger, y compris Khashoggi », indique le rapport.

Et d’ajouter : « Depuis 2017, le prince héritier a le contrôle absolu des services de sécurité et de renseignement du Royaume, ce qui rend très improbable que des responsables saoudiens aient mené une opération de cette nature sans son aval ».

Khashoggi a été brutalement assassiné et probablement démembré après avoir été attiré par des responsables saoudiens dans leur consulat à Istanbul, en Turquie, en octobre 2018.

Alors que Riyadh a initialement nié toute implication dans sa mort, le gouvernement saoudien a ensuite cherché à rejeter la faute sur ce qu’il a qualifié d’opération de « reddition mal gérée ».

L’explication saoudienne a été largement rejetée par l’ONU et par un large groupe de parlementaires américains qui ont affirmé que Bin Salman était coupable de ce crime.

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