Haftar s’autoproclame unilatéralement souverain de la Libye

Le général libyen à la retraite Khalifa Haftar s’est autoproclamé, lundi, seul dirigeant du pays, sans s’appuyer sur aucune légitimité juridique ou reconnaissance internationale.

C’est ce qui ressort d’une déclaration télévisée, diffusée par la chaine satellitaire « Al-Hadath » (appartenant à son fils Saddam Haftar), quelques jours après avoir invité le peuple libyen à lui déléguer les pleins pouvoirs pour diriger le pays.

« Nous avons pris acte de votre réponse à notre appel vous incitant à l’abandon de l’accord politique présumé (…) et de donner mandat à ceux que vous jugez qualifiés pour diriger cette étape », a déclaré Haftar dans un discours à ses partisans.

Et d’ajouter : « Nous exprimons notre fierté suite au choix du Commandement général pour cette mission historique, dans ces circonstances exceptionnelles, et l’abandon de l’accord politique, qui fait désormais partie du passé, par une décision du peuple libyen, source de tous les pouvoirs ».

Jusqu’à 19h00 GMT, aucune déclaration n’a été publiée concernant la déclaration de Haftar par la Chambre des représentants à Tobrouk, et de Tripoli, ni par le Conseil suprême de l’État ou le Conseil présidentiel du gouvernement d’entente nationale, internationalement reconnu.

Le 23 avril, Haftar a appelé le peuple à abandonner l’accord politique et à déléguer à l’institution qu’il juge appropriée la responsabilité de diriger le pays, alors que certains de ses partisans dans les villes qu’il contrôle, comme Benghazi (est), ont défilé pour annoncer lui donner mandat pour diriger le pays.

Le gouvernement libyen, internationalement reconnu, et d’autres institutions qui découlent de l’accord politique, tels la Chambre des représentants, dans ses deux parties à Tripoli et Tobrouk, et le Conseil suprême de l’État (conseil représentatif), ont ignorés l’appel du chef de guerre, alors que les activistes libyens ont tourné cet appel en dérision sur les réseaux sociaux, d’autant plus qu’il est intervenu après une série de défaites de ses milices à l’ouest du pays.

Le discours tenu jeudi par Haftar, est intervenu moins d’une heure après un discours du Président de la Chambre des représentants de Tobrouk, Aguila Saleh, qui représente le même camp que Haftar, et dans lequel il a proposé une solution politique à la crise qui contredisait l’appel du chef de guerre libyen.

En décembre 2015, les parties au conflit dans le pays ont signé un accord politique dans la ville marocaine de Skhirat, qui a abouti à la formation d’un conseil présidentiel dirigeant le gouvernement d’entente nationale, en plus de l’extension du parlement, et à la création d’un conseil supérieur de l’État, la majorité de ses membres provenant du Congrès national général (Assemblée constituante). Mais Haftar a, depuis des années, cherché à annuler cet accord.

La milice de Haftar, qui ne reconnait pas la légitimité ni l’autorité du gouvernement d’entente nationale, mène depuis le 4 avril 2019 une offensive pour prendre le contrôle de la capitale, Tripoli, siège du gouvernement internationalement reconnu.

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