Iran: les autorités sanitaires s’inquiètent de la propagation rapide du nouveau coronavirus

L’accélération de la propagation du nouveau coronavirus en Iran depuis plus d’un mois inquiète les autorités sanitaires, qui multiplient les avertissements et enjoignent la population de ne pas oublier que la maladie est toujours là, dans le pays le plus touché du Moyen-Orient.

« Le non respect de la distanciation sociale, des règles d’hygiène personnelle ou publique ainsi que les déplacements inutiles peuvent avoir des conséquences irréparables », avertit jeudi un bandeau tournant en boucle sur la chaîne d’information de la télévision d’Etat.

La même chaîne diffuse pourtant plusieurs fois par jour sur fond de musique dramatique une infographie animée inculquant le message selon lequel, face à la maladie Covid-19, l’Iran s’en sort beaucoup mieux que bien d’autres pays.

Selon les chiffres officiels — que des experts étrangers mais aussi certains responsables iraniens soupçonnent d’être largement sous-estimés, le virus a fait un peu plus de 8.000 morts en Iran sur un total de près de 161.000 personnes contaminées depuis les premiers cas déclarés en février.

Cela fait de la République islamique le pays du Moyen-Orient le plus touché par la pandémie, mais la place loin derrière les pays du peloton de tête des nations victimes du virus.

Néanmoins, après avoir touché un point bas le 2 mai, le nombre de nouveaux cas quotidiens de contamination au virus SARS-CoV-2 annoncé par les autorités a entamé une tendance de hausse qui s’est encore accélérée cette semaine.

Depuis lundi, l’indicateur est repassé au-dessus de la barre des 3.000 et se rapproche du pic de 3.186 cas atteint le 30 mars.

« Complètement imprudents » 

La hausse des cas recensés pourrait être liée à la multiplication des tests, dont près d’un million ont été réalisés selon le ministère de la Santé, alors que le dépistage devient plus systématique au fil du temps.

Le nombre de décès quotidiens, passé sous la barre des 100 en avril, semble se stabiliser depuis trois semaines autour de 70.

Le président Hassan Rohani ne manque pas une occasion de rappeler à quel point son gouvernement a bien géré, selon lui, la crise sanitaire — en dépit d’une situation rendue particulièrement difficile par les sanctions américaines — par comparaison avec les pays européens ou les Etats-Unis, ennemi juré de la République islamique et pays le plus touché par le virus.

Mais son ministre de la Santé, Saïd Namaki, médecin de son état, et ses adjoints tiennent un discours nettement moins victorieux.

Cité mardi par l’agence Isna, M. Namaki s’inquiétait « que des gens soient devenus complètement imprudents face à la maladie. »

Depuis avril, les autorités ont progressivement levé les restrictions et mesures destinées à enrayer la propagation de l’épidémie.

A Téhéran, la vie a repris un cours presque normal : les embouteillages caractéristiques de cette mégapole de quelque 10 millions d’habitants sont revenus, on se presse de nouveau en masse dans les rues, et on s’entasse dans les transports en commun, où le port du masque est obligatoire.

A Darband, départ de randonnées du nord de la capitale sur les flancs du mont Totchal, et lieu prisé de la population pour ses restaurants qui s’étirent le long d’un torrent apportant quelque fraîcheur alors que les températures peuvent monter jusqu’à 38°C, un journaliste de l’AFP constatait vendredi que randonneurs et flâneurs se croisaient sans aucun respect pour les règles de distanciation physique.

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