La princesse Latifa, qui affirmait être retenue en otage, est « prise en charge » par sa famille, assurent les Emirats arabes unis

La princesse Latifa Al-Maktoum, 35 ans, la fille de Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum, l’émir de Dubaï et premier ministre des Emirats arabes unis, va bien.

C’est ce qu’a affirmé l’ambassade des Emirats arabes unis à Londres dans un communiqué publié vendredi 19 février, en réponse à la diffusion par la BBC d’une vidéo non datée dans laquelle la princesse affirmait être retenue en « otage » dans son pays et craindre pour sa vie :

« Sa famille a confirmé que son Altesse est prise en charge chez elle, soutenue par sa famille et des professionnels de la santé. Son état continue de s’améliorer et nous espérons qu’elle reprendra une vie publique en temps voulu. »

L’ONU réclame des « preuves de vie »

Après le chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, mercredi, l’Organisation des Nations unies (ONU) a annoncé vendredi avoir interrogé les Emirats arabes unis sur le sort de la princesse Latifa. Lors d’un point de presse, une porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Liz Throssell, a déclaré que son cas avait été soulevé, la veille, auprès de la mission permanente des Emirats à Genève.

« Nous avons fait part de nos préoccupations concernant la situation, à la lumière des vidéos inquiétantes qui sont sorties cette semaine. Nous avons demandé plus d’informations et de précisions sur la situation actuelle » de la princesse Latifa, a-t-elle fait savoir. Et « nous avons demandé une preuve de vie », a-t-elle assuré. En outre, « nous avons demandé que le gouvernement fasse de sa réponse une question prioritaire », a insisté la porte-parole, étant donné les « graves inquiétudes » concernant le sort de la princesse Latifa.

Cette affaire « nous préoccupe », avait pour sa part déclaré le premier ministre britannique, Boris Johnson, « mais la commission des Nations unies sur les droits de l’homme se penche là-dessus et, ce que nous allons faire, c’est attendre de voir comment ils avancent ».

Les Emirats arabes unis accusés de violer des droits humains

Latifa Al-Maktoum avait en vain tenté de s’évader en bateau de cette cité-Etat du Golfe en 2018, avant d’y être ramenée. Ses proches ont transmis des vidéos dans lesquelles elle dit être enfermée dans une « villa transformée en prison » aux fenêtres condamnées et gardée par des policiers. Ils disent ne plus avoir de nouvelles d’elle. Selon la chaîne publique britannique BBC, les vidéos ont été filmées environ un an après sa vaine tentative d’évasion.

Plusieurs ONG, dont Amnesty International, avaient appelé l’ONU à se saisir du cas de la princesse Latifa. « Nous espérons simplement que l’ONU demandera sa libération de manière claire et complète et pas seulement une preuve de vie », avait précisé mercredi Hiba Zayadin, chercheuse sur le Golfe à Human Rights Watch.

Des responsables onusiens s’étaient déjà inquiétés de cette affaire dans un courrier adressé le 6 décembre 2018 aux Emirats par Bernard Duhaime, alors président-rapporteur du groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, et Agnès Callamard, rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires.

Ils évoquaient des informations reçues concernant « la disparition forcée et la mort présumée » de la princesse, tout en soulignant qu’une « procédure d’action urgente envoyée au gouvernement » le 2 mai 2018 était restée sans réponse.

Mohammed Al-Chaibani, chef de la cour royale à Dubaï, leur avait répondu le 18 décembre qu’aucun courrier n’avait été reçu le 2 mai 2018 ; la princesse « est en vie, en sécurité et reçoit les soins aimants de sa famille dans leur résidence de Dubaï » et « n’a jamais été arrêtée ou détenue », avait-il assuré.

Les ONG accusent régulièrement les Emirats, riche Etat du Golfe proche des pays occidentaux, de violer des droits humains et de réprimer les voix critiques.

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