L’abstention des États-Unis de sanctionner le prince héritier saoudien est «extrêmement dangereuse», selon une responsable à l’ONU

Agnes Callamard, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a souligné, lundi, que le fait que Washington s’est abstenu de prendre des mesures contre le prince-héritier saoudien, Mohammed Bin Salmane, sur fond de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, est une question « extrêmement dangereuse ».

C’est ce qui ressort de déclarations faites par Agnes Callamard, au cours d’une conférence de presse coanimée, lundi à Genève, ont rapporté des médias occidentaux, dont le journal britannique « The Financial Times ».

« C’est une question extrêmement dangereuse que Washington annonce que le véritable dirigeant de l’Arabie Saoudite a donné son feu vert pour l’assassinat de Khashoggi, sans pour autant prendre des mesures de rétorsion à son encontre », a insisté la responsable onusienne.

« Il est très difficile, de mon point de vue, si ce n’est dangereux, que de reconnaître l’erreur et le péché d’une personne, de le lui notifier et dire, nous ne ferons rien, continuez sur votre lancée. C’est comme si nous n’avons rien fait », a-t-elle souligné.

« Pour moi, c’est une attitude extrêmement dangereuse que celle affichée par les Etats-Unis », a ajouté Callamard, qui a réitéré son appel lancé à infliger des sanctions qui ciblent les fonds de MBS.

Il ressort d’un rapport rendu public, vendredi, par les services de renseignement américains, que le prince héritier saoudien, Mohammed Bin Salmane, a « approuvé l’enlèvement ou le meurtre de Khashoggi, qu’il considérait comme étant une menace contre le royaume et a appuyé l’usage de mesures violentes, s’il fallait le faire taire ».

A la suite de cela, l’Administration américaine a annoncé avoir infligé de « nouvelles sanctions contre des responsables saoudiens, dont Ahmed al-Assiri, ancien directeur-adjoint des services de renseignement et des membres de la Force d’intervention rapide », à l’exception de MBS.

En réaction, le ministère saoudien des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué, rendu public vendredi, son rejet « en bloc des conclusions et des constatations infondées, au sujet de la Direction du royaume, contenues dans le rapport américain ».

Khashoggi a été assassiné le 2 octobre 2018, à l’intérieur du consulat de son pays, dans la ville turque d’Istanbul. Cette affaire avait provoqué un tollé et a touché l’opinion publique internationale.

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