Les appels à l’internationalisation du pèlerinage se multiplient

Courrier arabe

Durant les deux dernières années, de nombreuses voix se sont élevées pour demander de retirer l’administration des lieux saints à l’Arabie saoudite et l’attribuer à un organisme indépendant qui sera chargé d’organiser la Oumra et le Hadj et de veiller sur la sécurité des pèlerins en mettent de côté les différends politiques.

La politique fortement critiquée de Ben Salmane

Ces demandes connues sous le noms de « l’internationalisation du Hadj » ont surgi principalement à cause de la politique adoptée par le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane.

Le grand nombre de victimes civiles tuées dans les raids aériens menées par l’Arabie Saoudite, l’appui militaire et financier apporté au général à la retraite Khalifa Haftar en Libye et au Conseil militaire au Soudan ont poussé de nombreux musulmans à boycotter le Hadj.

En avril dernier, le Mufti de la Libye Sadek al-Gheryani avait appelé les musulmans à boycotter le Hadj, considérant que faire le pélerinage plus d’une fois pourrait causer plus de mal que de bien car cela conduit à financer l’effort de guerre saoudien au Yémen où des musulmans sont tués, ainsi que les interventions de Riyad en Libye, au Soudan et probablement en Tunisie et en Algérie.

S’ajoute à cela, les violations flagrantes des droits humains dont les arrestations arbitraires, le nombre élevé des exécutions dans le royaume sans oublier le meurtre atroce du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dont le corps a été sauvagement découpé en morceaux par des éléments liés à Ben Salmane.

Une ouverture trompeuse fustigée par des Saoudiens et des Musulmans

Parallèlement à cette politique belliqueuse et répressive, le royaume s’engage dans une ouverture trompeuse au plan culturel par la levée de l’interdiction sur les salles de cinéma, l’admission de la musique dans les cafés alors qu’elle était auparavant prohibée et l’autorisation accordée à des entreprises mondiales de l’industrie de divertissement pour investir dans ce secteur et inviter des chanteurs et des artistes.

C’est ainsi que la rappeuse américaine Nicky Minaj a été programmée pour donner un concert sur place ce qui a suscité une grande colère parmi des Saoudiens et des arabes qui ont considéré irrespectueux d’accueillir cette chanteuse simultanément avec l’approche du pèlerinage.

La politisation du Hadj

Plusieurs pays arabes et musulmans ont accusé l’Arabie Saoudite d’exploiter les lieux saints pour régler ses comptes politiques avec ses adversaires.

En 2016, des restrictions ont été imposées aux pèlerins iraniens après la tragique bousculade de Mina survenue en 2015 sous prétexte de la préservation de la sécurité des pèlerins. En outre, depuis l’imposition du blocus contre Qatar en 2017, l’Arabie Saoudite entravent le voyage des pèlerins qataris.

Par ailleurs, les autorités saoudiennes ont interdit à plusieurs personnalités publiques d’accomplir le Hadj en raison de leurs opinions politiques et idéologiques contraires aux orientations du royaume telles que le prédicateur koweïtien Tarek Souidan qui a dénoncé le coup d’État contre le président défunt Mohammed Morsi.

Il est à noter qu’environ 2.3 millions de musulmans du monde entier arrivent annuellement en Arabie Saoudite pour accomplir le pèlerinage sans compter de nombreux autres qui s’y rendent tout au long de l’année pour accomplir la Oumra.

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