Emmanuel Macron a aussi appelé à ce « que cessent les ingérences étrangères et les actes unilatéraux de ceux qui prétendent gagner de nouvelles positions à la faveur de la guerre » en Libye. La Turquie est devenue le principal soutien international du gouvernement d’union nationale (GNA) de Tripoli, qui a repris début juin le contrôle de l’ensemble du nord-ouest de la Libye en faisant reculer les forces du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est du pays.
Les forces du GNA visent désormais la ville côtière de Syrte (450 km à l’est de Tripoli), verrou stratégique vers l’Est contrôlé par le maréchal Haftar. Samedi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, principal soutien du maréchal avec les Émirats arabes unis, a prévenu que toute avancée des pro-GNA vers Syrte pourrait entraîner une intervention « directe » du Caire. Le GNA, reconnu par l’ONU, a dénoncé comme une « déclaration de guerre » les menaces de l’Égypte.
Comportement « extrêmement agressif »
Le ton ne cesse de monter entre Paris et Ankara, la France accusant la Turquie de fournir des armes au GNA en violation d’un embargo des Nations unies et d’avoir eu un comportement « extrêmement agressif » à l’encontre d’une de ses frégates en Méditerranée. La Turquie accuse de son côté Paris de soutenir le maréchal Haftar et d’être le « sous-traitant de certains pays de la région » dans la crise libyenne, une allusion aux Émirats et à l’Égypte.
« La France et la Tunisie demandent ensemble que les belligérants cessent le feu et tiennent leur engagement de reprendre la négociation engagée dans le cadre des Nations unies en vue de restaurer la sécurité de tous, de procéder à la réunification des institutions libyennes et d’engager la reconstruction au bénéfice de tous les Libyens », a ajouté Emmanuel Macron devant la presse au côté de Kaïs Saied, dont c’était la deuxième visite officielle à l’étranger, après l’Algérie, depuis son élection en octobre.
Une nouvelle démonstration de « la mort cérébrale de l’Otan »
« Je vous renvoie à mes déclarations de la fin de l’année dernière sur la mort cérébrale de l’Otan », a de son côté déclaré Emmanuel Macron à l’issue d’un entretien avec son homologue tunisien Kaïs Saïed à la présidence française. « Je considère que c’est une des plus belles démonstrations qui soient », a-t-il ajouté, jugeant la situation « intolérable ».
« Tant que nous continuerons, membres de l’Otan, Européens, parties prenantes de ce sujet, à être faibles dans nos propos ou à manquer de clarté, nous laisserons le jeu des puissances non coopératives se faire », a estimé le chef de l’État. « Je ne veux pas, dans six mois, un an, deux ans, avoir à constater que la Libye est dans la situation de la Syrie d’aujourd’hui. »