Libye : Tripoli appelle au retrait immédiat des forces étrangères et des mercenaires

La ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, a appelé, jeudi, au retrait immédiat des forces étrangères et des mercenaires de Libye et à l’accélération de la reprise des activités des ambassades étrangères dans son pays.

C’est ce qui ressort d’une conférence de presse conjointe animée, jeudi, par al-Mangoush, avec ses homologues français Jean-Yves Le Drian, allemand Heiko Maas et italien Luigi Di Maio, au siège de la Présidence du gouvernement dans la capitale, Tripoli.

« Nous avons convenu de la nécessité du départ des forces étrangères et des mercenaires de notre pays et de l’accélération de la réouverture des ambassades », a déclaré la cheffe de la diplomatie libyenne.

Et al-Mangoush d’ajouter, « Nous réitérons la nécessité du départ de tous les mercenaires de Libye, et ce de manière immédiate ».

Elle a expliqué avoir discuté avec les chefs des diplomaties française, italienne et allemande « de la nécessité d’accélérer la reprise des activités des ambassades et consulats sur l’ensemble du territoire de la Libye, et d’assurer les procédures de visa depuis la Libye ».

« La stabilité de la Libye se répercutera positivement sur les pays du voisinage, y compris ceux de l’Europe », a indiqué al-Mangoush.

« Le principe de la souveraineté nationale est une base fondamentale non négociable dans la stratégie de la diplomatie libyenne menée par le gouvernement d’unité nationale », a-t-elle souligné.

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères a déclaré que «L’Union Européenne soutient le dossier libyen (…) La Libye représente notre voisinage immédiat, et nous ne pouvons détourner le regard des conséquences que peut avoir la crise libyenne en Europe en matière de sécurité, de terrorisme et de migration».

«La stabilité de la Libye est une des clés de la stabilité du Sahel, de l’Afrique du Nord et de la Méditerranée», a fait observer Le Drian.

Il a réitéré dans ce sens le soutien de la France au gouvernement d’union nationale libyen, pour une transition démocratique qui se traduira par des élections le 24 décembre prochain.

Le Forum de dialogue politique libyen avait élu, le 5 février, sous les auspices des Nations Unies, une autorité exécutive intérimaire unifiée, qui comprend un gouvernement dirigé par Abdelhamid Dbeibeh et un Conseil Présidentiel présidé par Mohamed Al-Manfi, pour conduire le pays aux élections législatives et présidentielle prévues le 24 décembre prochain.

Le Drian a appelé à l’application de l’accord de cessez-le-feu et à la réouverture de la route côtière reliant Misrata (ouest) à Syrte (est), ce qui permettrait de donner la priorité au retrait des forces et des mercenaires étrangers de Libye.

Le cessez-le-feu est entré en vigueur le 23 octobre dernier et un calme précaire prévaut en Libye depuis cette date.

La Libye a enduré un conflit armé qui a duré pendant des années. Avec le soutien de pays arabes et occidentaux, la milice de Haftar composée de mercenaires et de combattants étrangers, disputait à l’ancien gouvernement libyen, internationalement reconnu, la légitimité et l’autorité sur le pays.

De son côté, le ministre italien des Affaires étrangères a souligné, lors de cette même conférence de presse, que son pays poursuivra son engagement à surveiller le cessez-le-feu et à veiller au respect de l’embargo sur les armes en Libye.

« Notre coopération avec la Libye se poursuivra pour lutter contre la migration illégale et la traite des êtres humains », a ajouté Di Maio.

Il a également exprimé sa satisfaction concernant la reprise de l’exportation du pétrole libyen et la prise en charge par le gouvernement libyen des questions urgentes de son peuple.

Pour sa part, Heiko Maas a assuré que l’Allemagne continuera de surveiller l’embargo sur les armes imposé à toutes les parties en Libye.

Le ministre allemand des Affaires étrangères a estimé que cette visite en Libye intervient pour « montrer que nous, Européens, nous tenons unis et déterminés au côté du gouvernement d’unité nationale libyen ».

Il a souligné que le retrait des mercenaires du pays est une condition pour la tenue des élections dans leurs délais.

Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de l’Italie et de la France sont arrivés, tôt jeudi, en Libye, dans le cadre d’une visite officielle dont la durée n’a pas été annoncée.

Samedi, l’armée libyenne avait annoncé qu’elle avait repéré les mercenaires russes du groupe « Wagner » (soutenant Haftar) en train de construire un talus de terre (fortification) entre les villes de Syrte et Al-Jufra.

Le 16 mars, le Comité militaire mixte libyen (5 + 5) avait indiqué que le retrait des mercenaires de Libye commencera « dans deux semaines ».

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