Libye : Voici les points qui différencient les parties libyennes au sujet du cessez-le-feu

Courrier arabe

Les deux communiqués diffusés par Fayez al-Sarraj, la président du Gouvernemnet dunion nationale GNA et Aguila Salah, le président de la chambre des représentants du parlement de Tobrouk, annonçant un cessez-le-feu totale et l’ouverture des champs et des ports pétroliers, incluaient plusieurs points communs, favorisant le dialogue politique, mais aussi d’autres qui ressemblent à des conditions et à des exigences.

Les deux communiqués, signés jeudi le 20 août ont été publié vendredi, et dans ce qui suit, la rédaction Courrier arabe présente leurs points de différence ;

  • Le cessez-le-feu n’est toujours pas officiel

Seulement quelque temps après que Fayez al-Sarraj ait ordonné toutes ses troupes militaires «de cessez immédiatement le feu, et de suspendre toutes les opérations militaires sur les terres libyennes», le chef de la chambre opérationnelle Syrte al-Jofrah, le colonel Ibrahim Bayt al-Mal a annoncé que «les troupes du GNA se pliaient aux ordres d’al-Sarraj, du fait qu’il était le haut chef de l’armée libyenne».

Cependant, bien qu’Aguila Salah, ait demandé «un cessez-le-feu immédiat et la suspension des opérations militaires, dans tout le territoire national», les milices de Haftar n’ont toujours pas annoncé l’approbation des consignes, malgré que les combats soient suspendus depuis juin dernier.

  • La production pétrolière et ses revenus

Le point le plus important sur lequel les deux communiqués avaient insisté était le relancement de la production pétrolière et la gestion des revenus.

Selon les deux communiqués, «les revenus seront placés à l’étranger, auprès d’un compte de la banque libyenne. Ils ne seront pas utilisés, avant que les parties libyennes ne parviennent à établir une résolution politique».

Et alors qu’al-Sarraj a insisté que la National Oil Corporation (NOC) soit la seule partie à prendre en charge les champs et les ports pétroliers de tout le pays, Salah a ignoré ce point.

  • Syrte et al-Jofrah et l’option de la démilitarisation

Les deux communiqués signalèrent qu’«une force de police composée conjointement par les deux parties, se chargera de sécuriser la ville de Syrte», ainsi, les deux parties évoquent une proposition où «la ville de Syrte sera une zone démilitarisée, vidée des milices de Haftar et des mercenaires africains et ceux de Wagner».

Cependant, alors qu’al-Sarraj insiste que Syrte et al-Jofrah soient toutes deux démilitarisées, Salah n’a pas évoqué al-Jofrah. Ce dernier a même exigé que «Syrte soit le siège du nouveau conseil présidentiel», alors qu’al-Sarraj n’a pas commenté ce point.

Il est à noter que le nouveau conseil se composera d’un représentant de chacune des trois régions du pays, et substituera l’actuel conseil, composé de 5 membres, après que 4 se sont retirés.

  • Eloigner les mercenaires et reprendre la souveraineté du pays

Bien que les deux parties approuvent qu’il soit important que les mercenaires quittent le pays, leurs plans restent pour le moins différents.

Al-Sarraj explique que «le but final du cessez-le-feu est de reprendre la souveraineté de la Libye et de faire sortir les troupes étrangères et les mercenaires du pays».

Salah, lui, estime que «le cessez-le-feu commencera par barrer la route aux interventions étrangères, passera par le retrait des mercenaires et la dissolution des milices, pour finir avec la récupération de souveraineté du pays».

  • L’organisation des élections

Les deux parties soulignent clairement «qu’il est impératif d’organiser des élections pour trouver la stabilité du pays», sauf que chacune d’elles avance une initiative différente.

Al-Sarraj appelle à des élections en mars 2021, soit d’ici 7 mois, une période que les observateurs estiment être «assez courte et qui ne permettra pas de changer le conseil actuel», expliquant que «la proposition d’al-Sarraj indique que ce dernier rejetait la proposition que Salah avait avancée lors de l’initiative du Caire, pour élire trois représentants pour chaque région du pays».

De son côté, Salah propose «une phase transitionnelle qui devra s’étendre de 18 à 24 mois, qui permettront de préparer les futures élections». Cette option est par contre redoutée par les observateurs, qui estiment «que la prolongation de la phase transitionnelle plongera encore le pays dans le chaos».

Toutefois, les deux parties ont indiqué que «la grande propagation du coronavirus et les conditions difficiles que traversent actuellement le pays et la région les ont poussé à annoncer le cessez-le-feu».

Pour les analystes, «les deux communiqués reflètent les efforts fournis par plusieurs pays, dont la Turquie, l’Allemagne et les États-Unis, et font le fruit des négociations tenues les pays influents, à l’image de la Russie, les Emirats arabes unis, la France et le Qatar».

Quitter la version mobile