L’OMC autorise les USA à taxer les importations européennes

Dans la foulée du feu vert donné par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’administration Trump passe à l’action après la condamnation d’Airbus pour subventions illégales à ses avions gros-porteurs, mais de manière moins brutale que prévu.

L’OMC a donné aux Etats-Unis, mercredi 2 octobre, le droit d’imposer des droits de douane de 7,5 milliards de dollars (6,9 milliards d’euros) sur les importations européennes. Un record historique. Le département du commerce va taxer en priorité les importations en provenance des quatre pays responsables de l’aide illégale à Airbus, à savoir la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne. L’administration Trump compte pour l’instant taxer à hauteur de 10 % les avions civils et pénaliser à hauteur de 25 % de nombreuses importations agricoles et industrielles européennes.

Après cette victoire juridique, les Etats-Unis qui entendent jouer la légalité, demandent la convocation d’une réunion à l’OMC, le 14 octobre, qui devrait valider automatiquement leur liste, et prévoient d’appliquer leurs pénalités le 18 octobre. Les Etats-Unis font remarquer que l’Union européenne (UE) n’a pas le droit d’appliquer de contre-mesures à celles décidées par les Etats-Unis dans ce cas précis.

Le vin français et espagnol seront taxés

Sur la liste des produits taxés à 25 %, publiée par le représentant au commerce Robert Lighthizer, figurent les vins français et espagnols, l’huile d’olive espagnole, le whisky écossais, les draps et les couvertures britanniques, le café, les couteaux et les machines allemandes et des fromages de toute l’Europe, secteur très sensible chez les agriculteurs américains frappés par une crise laitière. Les produits en cuir n’y figurent plus, ce qui protège la maroquinerie des groupes de luxe français comme LVMH.

« C’est une grande victoire pour les Etats-Unis », a déclaré, mercredi, à la Maison Blanche, Donald Trump, qui a ironisé sur la décision de l’OMC concernant une plainte déposée par ses prédécesseurs. « Les victoires ont lieu maintenant parce qu’ils savent que je n’aime pas l’OMC et ils veulent être sûrs que je suis content. »

Washington taxe « modérément » Airbus pour plusieurs raisons. D’abord, les compagnies aériennes américaines se fournissent largement auprès de l’avionneur européen, qui livre chaque année une centaine d’avions aux Etats-Unis. Infliger des droits massifs équivaudrait à un embargo et serait intenable pour les compagnies américaines. Delta, JetBlue ou American Airlines avaient fait part de leurs inquiétudes ces derniers mois. « Les droits de douane sur ces avions nuiront à Delta, à ses employés et à ses clients, et n’auront pas d’incidence sur Airbus, car ces ventes ont déjà été effectuées », avait déclaré, en mai, la direction de Delta. Boeing, qui avait demandé une taxation à 100 % selon le Wall Street Journal, n’est pas vraiment en mesure d’en profiter. Le groupe, né à Seattle, est en pleine réorganisation après le double accident des 737 MAX provoqué par des défauts de conception et qui a cloué au sol ces appareils.

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