RDC: l’ONU enquête sur un génocide en Ituri

Les violences qui ont secoué la province de l’ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo depuis décembre 2017, « pourraient présenter des éléments constitutifs de crimes contre l’humanité» voire de « crime de génocide», a prévenu vendredi le bureau conjoint de l’ONU aux droits de l’homme dans un nouveau rapport sur le pays.

Ces nouvelles violences ont été circonscrites dans le territoire de Djugu au nord du chef-lieu Bunia.
« Au moins 701 personnes ont été tuées (…) la grande majorité des victimes des attaques semble avoir été visée en raison de leur appartenance à la communauté Hema (au moins 402 membres de cette communauté tués entre décembre 2017 et septembre 2019)», souligne ce rapport dont Anadolu dispose d’une copie.

Ces violences ont également fait «168 autres blessées et 142 personnes ont été victimes de violences sexuelles », note le document de 31 pages.

« La première vague de violence, de décembre 2017 à mai 2018, s’est manifestée par des affrontements inter-communautaires entre des membres des communautés Hema et Lendu », précise le rapport.

L’un des enjeux majeurs du conflit est en effet le contrôle des terres par les Lendu, majoritairement agriculteurs, selon l’ONU.

Les violences ont causé le déplacement de « près de 57.000 personnes » vers l’Ouganda et plus de « 556.356 autres se seraient déplacées vers les territoires voisins et à proximité de la ville de Bunia depuis février 2018», note le rapport.

Les forces armées congolaises ont également été visées dans ces attaques. « En septembre 2018, les violences ont repris sous la forme d’une série d’attaques contre les forces de défense et de sécurité congolaises par des assaillants Lendu, suivies d’opérations de riposte les Forces armées de la RDC », précise l’ONU.

Apres une courte période d’accalmie, une troisième phase de violence a été observée à partir de Juin 2019 « avec des attaques contre la communauté Hema commises également par des assaillants Lendu – sans générer de riposte de la part de la communauté Hema, et des opérations menées par les FARDC contre ces assaillants », ajoute le rapport.

En 2019, l’armée avait attribué ces violences à la CODECO, une milice d’un certain « Ngougolo ».
Plusieurs combattants de cette milice tribale se sont rendus auprès de l’armée congolaise pour intégrer ses rangs ou la vie civile.

Aucune réaction n’a encore été enregistrée à Kinshasa après la publication de ce rapport.

Joint par Anadolu, le ministre congolais de la Justice , Célestin Tunda Yakasende , a affirmé avoir lu le rapport , mais s’est refusé de commenter.

Quitter la version mobile