Pompeo: « Nous nous opposons fermement à tout acte visant à former un gouvernement parallèle en Afghanistan»

Les Etats-Unis n’ont pas attendu longtemps avant de réagir au spectacle étonnant qui s’est joué, lundi 9 mars, à Kaboul où le chef de l’Etat afghan, officiellement réélu, et son principal adversaire ont tous deux prêté serment comme président.

« Nous nous opposons fermement à tout acte visant à former un gouvernement parallèle », a insisté, dans la soirée, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, sans nommer directement Abdullah Abdullah, qui a officiellement perdu la présidentielle afghane de septembre mais revendique la victoire face à Ashraf Ghani.

Le secrétaire d’Etat américain a toutefois salué les déclarations des deux rivaux en faveur du processus de paix. « Les Etats-Unis travaillent à la conclusion d’un accord entre les deux parties », a-t-il dit dans un communiqué. « Il est capital pour l’avenir du pays et particulièrement pour la paix de faire de la formation d’un gouvernement inclusif et d’un Afghanistan uni une priorité », a-t-il ajouté.

Première phase de retrait américain

Les Etats-Unis ont signé le 29 février, à Doha, un accord historique avec les talibans, qui prévoit un retrait des forces américaines et étrangères d’Afghanistan sous quatorze mois, en échange de garanties des insurgés en matière de lutte antiterroriste et du lancement de négociations directes sans précédent entre le gouvernement afghan et les rebelles.

Mais si les soldats américains ont bien annoncé, lundi, avoir entamé la première phase de leur retrait graduel et conditionnel, la double cérémonie d’investiture de lundi à Kaboul a plongé le pays dans une crise institutionnelle qui se dresse comme un nouvel obstacle aux négociations de paix dont le début, prévu pour mardi, sera sans doute reporté.

En raison de ces rivalités Ghani-Abdullah, en effet, Kaboul n’a pas encore mis en place une équipe de négociateurs à dépêcher à ces pourparlers. En outre, le président Ghani s’était opposé, ces derniers jours, à l’une des clauses négociées entre les Américains et les talibans, en l’absence du gouvernement afghan tenu jusqu’ici à l’écart : la libération de jusqu’à 5 000 prisonniers insurgés en échange de celle de jusqu’à 1 000 membres des forces afghanes.

Mike Pompeo a « salué », lundi, certaines déclarations apaisantes du chef de l’Etat afghan, à savoir que les négociations continueraient « au cours des deux prochaines semaines pour parvenir à un accord sur un gouvernement inclusif » et qu’un décret statuerait mardi sur la libération de prisonniers talibans et la formation d’une équipe nationale pour les négociations interafghanes.

Il a également « accueilli avec satisfaction » des déclarations d’Abdullah Abdullah en faveur « de la paix ». Aucune nouvelle date n’a toutefois été annoncée pour le début des négociations.

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