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Premier jour du Ramadan : Flambée des prix et pénurie alimentaire, un fardeau pour les Tunisiens

Le sucre, la farine, la semoule, l’huile, les pâtes, le riz sont désormais introuvables. Les étales aux super marchés sont désespérément vides alors que les Tunisiennes s’apprêtent à faire des provisions pour le Ramadan.

La situation devient insupportable pour les fonctionnaires (classe moyenne) autant que pour les classes les plus démunies, qui souffrent le martyr. Au cœur d’une véritable crise socioéconomique inédite, les Tunisiens n’arrivent plus à joindre les deux bouts.

Au marché central, en plein centre-ville de Tunis, les prix des produits de base sont moins chers qu’ailleurs certes, mais les familles à revenus limités n’y trouvent pas  »chaussure à leur pieds ».

Au premier jour du Ramadan, Tunis grouille de monde… petites épiceries, boulangeries et tous les super marchés sont pris d’assaut par des citoyens, qui ont du mal à remplir leurs couffins.

La foule est dense et l’ambiance est un peu tendue. Des vendeurs ambulants occupant les trottoirs en toute impunité proposent leurs marchandises aux passants aux visages pâles… une marchandise qui laisse parfois à désirer. D’autres, essayent de vendre leurs produits aux consommateurs, prêts à payer moins cher pour une qualité médiocre ou parfois proches de la péremption.

Tout le monde parle fort. La plupart en ont ras-le-bol de la cherté de la vie et expriment leur inquiétude de la situation actuelle.

D’autres sont nostalgiques de la période de règne de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali. Ils le crient fort :  »Le pain est essentiel et passe avant la liberté ».

Cette scène traduit, en effet, leur désespoir et pessimisme. A vrai dire, le pouvoir d’achat des Tunisiens a fondu comme neige au soleil. Ils n’ont plus le choix d’acheter ce qu’ils désirent car leur petite monnaie ne le leur permet pas.

Certains ont oublié le goût de la viande et du poisson. D’autres n’arrivent même plus à acheter la carcasse de viande ou encore du poulet pour préparer un repas  »digne ».

 »Il n’y a rien »

Mohamed, quadragénaire rencontré au marché central raconte ses quêtes quotidiennes pour s’emplir la panse.

 »Il n’y a rien. Le pain, la farine, la semoule et l’huile subventionnée couramment appelée en dialecte tunisien  »zit ezzaweli » ou  »zit el hakem » sont introuvables sur le marché », a-t-il dit.

Pour couvrir les besoins des consommateurs pendant le mois de Ramadan, les autorités ont mis plusieurs points de vente du producteur au consommateur à la disposition des citoyens dans 12 gouvernorats.

Cependant, certains aliments manquent et les citoyens sont confrontés à de récurrentes pénuries.

Ines, femme au foyer a indiqué à l’Agence Anadolu que  »le prix des produits de base sont effrayants et certains sont introuvables, alors que l’Etat a promis de subvenir aux besoins des consommateurs pendant ce mois saint ».

 »Pire encore, les prix dans les points de vente du producteur au consommateur sont plus chers qu’au marché central », a-t-elle regretté.

Et d’ajouter :  »Aujourd’hui, il est impensable de pouvoir remplir son panier. On doit faire des choix. On achète soit des légumes ou des fruits. C’était mieux jadis ».
La situation ne cesse de dégénérer car l’huile subventionnée est aussi introuvable. S’ajoute l’envolée du prix du pain dans certaines boulangeries anarchiques qui affichent les prix selon leurs propres critères.

Les prix oscillent entre 7 dinars et 15 dinars pour la volaille, alors que le Tunisien n’a que 10 ou 20 dinars en poche. En se promenant dans les  »ruelles » du marché, les prix affichés sur les étals sont effarants. On comprend aussitôt que le Ramadan n’est plus en fait le mois de générosité et d’entraide mais plutôt, une occasion pour augmenter les prix et pour aussi spéculer.

Briks ou Tajine, plats incontournables pendant le Ramadan, nécessitent un budget  »spécifique ». Le prix maximal de quatre œufs à la vente est fixé à 1100 millimes. Or qu’une famille nombreuse est incapable d’en acquérir tous les jours, car ça coûte.

Ces mets qui deviennent coûteux font partie des traditions ramadanesques en Tunisie. Les briks passent, en effet, en premier avant les légumes et les fruits. Dans plusieurs cas de figure, le citoyen n’a pas trop le choix et est contraint de faire des concessions.

 »Grande affluence des clients  »

Interrogé sur l’éventuel manque des produits de base et la pénurie de la volaille, Brahim Nefzaoui, président de la Chambre nationale des commerçants de volailles a assuré que les prix ont baissé par rapport à l’année dernière.

 »Tout est disponible sur le marché. Et connaît une grande affluence des clients en ce premier jour du Ramadan. Ce je que plains uniquement, c’est l’effervescence et les rayons qui sont encombrés des clients pour rien, alors que tout y est », a-t-il lancé.

Pour Samia, mère au foyer d’une famille nombreuse, la flambée des prix ne passe pas inaperçue.

 »Une salade méchouia aux poivrons comme on les aime pendant ce mois est devenue un plat bourgeois. Un kilo de poivrons coûte 5 dinars, ce qui est inadmissible », a-t-elle martelé.

Et notre intervenante de poursuivre :  »Je suis obligée de faire le tour des marchés, épiceries et centres commerciaux pour suivre les promotions et pourchasser les meilleurs prix ».
En quête de bonnes adresses pour acheter moins cher, Samia raconte sa galère de toutes les jours pour trouver du pain, acheté à 400 millimes car la baguette standard (190 millimes) est introuvable ».

Au marché, certains font la queue, d’autres se baladent le panier à moitié rempli. Alors que beaucoup partent les mains vides.

Les spéculateurs prennent en otage les produits alimentaires

Un seul paquet de farine! Un seul paquet de riz! En effet, l’épicier est le chef et c’est lui qui a le dernier mot. Il cache la farine en stock et ne fournit qu’à ses clients fidèles et les habitants du quartier, dans la totale discrétion et restriction.

Pour trouver du pain ou un paquet de semoule, il faut désormais se lever tôt et faire la queue.

D’ailleurs, des scènes de grandes bousculades ont eu lieu dans plusieurs villes en Tunisie, où une foule prend d’assaut les boulangeries et les camionnettes de distribution de semoule pour s’arracher quelques paquets de farine ou des  »bouts de pain », balancés par terre. Et plus les denrées alimentaires se raréfient, plus les prix s’envolent.

Suite à ces scènes de chaos, le Président tunisien Kaïs Saïed a annoncé le lancement d’une  »opération de purge » du pays des spéculateurs et des contrebandiers qui malmènent la nourriture des Tunisiens et des Tunisiennes ». Une  »guerre sans merci » contre la spéculation, particulièrement celle qui touche les produits alimentaires de base.

Finalement, ce sont les familles nécessiteuses qui payent le prix cher. Et avec l’inflation, un revenu de mille dinars ne permet plus à une famille de subvenir à ses besoins. Alors que le SMIG est de l’ordre de 429 dinars, soit à peine 147 dollars.

SourceAgences

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