Salamé s’en va avec un tweet et les Libyens lui répondent

La démission de Ghassan Salamé, l’envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, à travers un message qu’il avait publié hier sur son compte Twitter, a suscité un soulagement auprès des Libyens, qui avaient demandé son départ depuis plusieurs mois.

Les Libyens avaient, à nombreuses reprises, dénoncé «la complicité de Salamé avec le général à la retraite Khalifa Haftar et ses alliés», le traitant même «d’agent des Émirats arabes unis (EAU), vu l’impact directe que ces derniers avaient eu sur ses décisions et ses interventions», selon plusieurs rapports médiatiques.

Les Libyens s’expriment  

À peine le tweet posté hier après-midi, des centaines de Libyens se sont demandé si la démission était vraiment pour des raisons de santé ou «pour autre chose», signalant que «son départ était surement par ordre des EAU».

Certains l’ont comparé à Bernardino Leon, l’ancien envoyé de l’ONU entre 2014 et 2015, estimant que les deux hommes étaient en mission «sous les ordres des EAU», et qu’ils avaient plongé le pays dans «le déchirement civil et la division».

De même, nombreux étaient ceux qui avaient déclaré qu’il n’été qu’un «indigne médiateur», regrettant «son injustice, sa non loyauté et son camouflage des faits», et déplorant «son manque de courage et son incapacité à faire face aux envahisseurs».

«Tu nous as accablé ainsi que notre pays, tu étais un invité lourd et indésirable… Tu n’étais qu’un monstre, un vampire et un agent contre la construction», avait déclaré Jalal al-Kabi, un libyen en colère, qui s’adressa à Salamé, lui affirmant que personne ne regrettait son départ.

Une colère partagée par des centaines d’autres Libyens, qui se sont rappelé le parcours de Salamé et «ses interventions injustes et inéquitables», «centrées sur le camouflage des faits et la protection de Haftar».

La lettre de Salamé ne touche personne

«Pendant plus de deux ans, je me suis battu pour réunir les Libyens, mettre fin à l’ingérence étrangère au pays, et préserver l’union du pays», avait déclaré Ghassan salamé, lors de son tweet publié hier sur son compte officiel, en évoquant le poids de la lourde tâche qui lui avait été confiée.

Il estima avoir placé la Libye sur le chemin de la stabilité, déclarant : «Aujourd’hui, après que le sommet de Berlin s’est tenu, et après que la loi 2510 a été décrétée, et que les trois chemins se sont lancés, malgré l’hésitation de certains».

Cependant, il a reconnu que chaque chose avait une limite, signalant avoir atteint la sienne, il note clairement: «J’avoue que ma santé ne me permet plus un tel rythme de dévouement, ainsi j’ai demandé au secrétaire général de me gracier de ma mission, espérant paix et stabilité pour la Libye».

Rappelons toutefois que la démission n’a pas encore été approuvée par le secrétaire des Nations unies, Antonio Guterres, bien que plusieurs observateurs affirment qu’elle est imminente, expliquant qu’un envoyé de paix, qui n’a pas pu conquérir la confiance du peuple libyen, aurait dû quitter son poste depuis bien longtemps.

De leur part, les Libyens, persuadés du départ de Salamé, s’interrogent sur l’identité du futur envoyé de l’ONU et espèrent que cette fois, une personne loyale et juste soit chargée de la mission de paix au pays, «peut-être qu’enfin la stabilité reviendra en Libye», prient-ils.

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