Plusieurs régions syriennes échappent encore au régime de Bachar el-Assad. Dans l’est, les Kurdes contrôlent encore de vastes territoires, même si leur projet d’autonomie a été largement fragilisé par le désengagement américain partiel et par les offensives turques.
Dans le nord, la province d’Idleb a retrouvé un calme bien précaire ces derniers jours. Mais quel avenir pour les millions de civils syriens que la guerre a massés dans cette enclave encore tenue par des groupes rebelles et jihadistes ?
Ce conflit est la « pire catastrophe provoquée par l’Homme depuis la Seconde Guerre mondiale », estimait déjà l’ONU en 2017. Il a provoqué l’exode de plus de 11 millions de déplacés et de réfugiés sur les 25 millions de Syriens, se pressant parfois aux portes de l’Europe. Selon le nouveau bilan de l’OSDH, qui s’appuie sur un vaste réseau de sources militaires et médicales à travers la Syrie, au moins 384 000 personnes sont mortes depuis le déclenchement du conflit, le 15 mars 2011.
Les ONG dénoncent sans relâche les exactions et atteintes aux droits humains perpétrées par le régime, accusé d’attaques chimiques meurtrières, mais aussi de tortures et d’arrestations arbitraires.
Un régime fragilisé
Le président syrien martèle que son objectif est la reconquête. Mais celle-ci n’est envisageable qu’avec le soutien militaire de Moscou et de Téhéran. Bachar el-Assad doit la survie de son régime notamment à ces deux alliés, mais au prix d’une très grande dépendance.
Neuf ans après le début du conflit, le président syrien parle fréquemment de victoire, mais dans un pays sous tutelle de ses alliés. Encore très isolé au niveau international, le pays souffre d’une grave crise économique.
Un pays meurtri
Comme le relate Paul Khalifeh, notre correspondant à Beyrouth, à la veille de l’implication de la Russie dans la guerre, en septembre 2015, l’armée syrienne ne contrôlait plus que 10% du territoire. Un territoire morcelé, composé de la capitale Damas et des grandes villes, alors que la majorité des zones rurales étaient aux mains des rebelles et des jihadistes.
Cinq ans plus tard, avec le soutien des Russes, des Iraniens et du Hezbollah libanais, les troupes gouvernementales ont repris le contrôle de la frontière avec la Jordanie et le Liban, une partie de celle avec l’Irak. Elles ont reconquis 70% du territoire, rétabli les grandes voies de communication entre les régions, la plus récente étant l’autoroute M5, qui traverse la Syrie du nord au sud en passant par Damas et Alep.
Au fil des ans, l’armée syrienne et ses alliés ont éliminé les brigades de l’opposition armée, et le groupe État islamique, qui contrôlait la moitié du pays. À la faveur de sa dernière offensive, elle a pris le contrôle d’une grande partie de la province d’Idleb, dernier bastion rebelle et jihadiste.
La Turquie reste le dernier grand acteur régional encore influent dans le nord-ouest. Le nord-est du pays, contrôlé par les milices kurdes, échappe encore au pouvoir central.