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Tunisie : Ghannouchi se dit « pas d’indice de répulsion entre moi et le président Kais Saied »

Le président du parlement tunisien, Rached Ghannouchi, a affirmé que les appels à dissoudre l’institution législative, constituent des appels à l’anarchie, de même qu’il a nié l’existence de toute « répulsion » avec le président Kais Saied.

Dans une interview accordée à l’Agence Anadolu à Tunis, Ghannouchi, qui préside également le Mouvement Ennahdha (D’obédience islamique, 54 députés / 217), a évoqué les appels lancés récemment et qui réclament la dissolution du parlement.

Il a, aussi, commenté les désaccords recrudescents entre les composantes de la coalition au pouvoir, conduite par Ennahdha, et a nié l’existence de « répulsion » ou de « conflit » avec le président Kais Saied, estimant par ailleurs que la crise de la Covid-19 a confirmé le degré élevé de l’Etat à interagir avec les évènements urgents.

Sur un autre plan, Ghannouchi a souligné que ses contacts avec le gouvernement libyen de « L’Entente nationale » ne dénotent aucun écart des constantes de la diplomatie tunisienne, dès lors que cette partie est internationalement reconnue.

** Appels à l’anarchie

Ghannouchi a indiqué que « les manifestations, la protestation et toute forme d’expression individuelle ou collective font partie des illustrations de la démocratie dès lors que dans la vie démocratique, il y a celui qui gouverne et celui qui proteste et conteste. Cependant, ces contestations se doivent d’être pacifiques en conformité avec le cadre légal ».

Et Ghannouchi d’ajouter : « Si ces protestations se transforment en détérioration des biens public et privé, en incendies, pillage et entraves à la marche des institutions de l’Etat et des intérêts des citoyens, cela représente l’anarchie et non pas l’opposition et l’Etat se doit de faire face à l’anarchie et de protéger l’opposition pacifique ».

Ghannouchi a considéré que les appels à la dissolution du parlement constituent « des appels à l’anarchie en mobilisant la rue ainsi que la manipulation de problèmes réels tout particulièrement après la pandémie de la Covid-19 ».

Il a relevé que « la constitution tunisienne a mis en place des mécanismes définis pour dissoudre le parlement et celui qui veut aller dans ce sens se doit de suivre les mécanismes constitutionnels. Ces appels demeureront toujours en dehors du contexte constitutionnel et partant elles croisent l’anarchie et le chaos qui menacent l’Etat en tant qu’entité et les intérêts du peuple ».

** Les larges consensus…une nécessité

En évoquant les difficultés auxquelles font face, récemment, la coalition au pouvoir (qui comprend le Mouvement d’Ennahdha), à cause d’une de désaccords, Ghannouchi a indiqué que « notre pays affronte des défis sans précédent à cause de la propagation de la Covid-19 et les retombées économiques et sociales extrêmement importantes qu’elle a générées. Nous ne pourrons pas faire face à ces défis sans un gouvernement dirigé par une réelle solidarité et une entraide sans faille, et forte d’une large ceinture politique qui l’appuie ».

Il a mis en garde que « personne aujourd’hui ne peut affirmer qu’il est capable, seul, de faire face à la situation naissante ».

Il a souligné qu’une « confrontation efficace et effective passe inéluctablement par le renforcement de l’unité nationale, la construction d’un large consensus qui inclut tous les acteurs politiques, au premier rang desquels figurent les composantes de l’actuelle coalition au pouvoir, les organisations nationales telles que l’Union Générale Tunisienne de Travail (UGTT, centrale ouvrière), le patronat, l’Union des Agriculteurs, de nature à garantir les efforts de tous et à accorder au gouvernement la capacité à surmonter cette situation difficile ».

Ghannouchi a, néanmoins, regretté le fait que « certaines parties soient toujours hantées par des combats imaginaires, dont la plupart d’entre eu sont dus à des visions idéologiques étriquées et à des intérêts étroits », appelant tous les protagonistes à « accroitre le degré de sensibilisation quant à ce qui menace le pays ».

Récemment, les divergences se sont intensifiées entre les composantes de la coalition au pouvoir en Tunisie, notamment, entre Ennahdah, d’une part, et les deux partis, « Le Courant démocratique » (social-démocrate / 22 députés) et « le Mouvement du Peuple » (Nassériste / 15 députés) ».

Ghannouchi a indiqué que « les questions de développement, des finances publiques, de la dette, et la situation des entreprises publiques sont inquiétantes avec des degrés de complexité variables et disparates. Ajoutons à cela la question sociale, en particulier, à la lumière des défis de l’emploi et de la préservation des postes d’emploi, d’autant plus que les experts prévoient, aujourd’hui, que le nombre de chômeurs dans notre pays atteigne, d’ici la fin de l’année 2020, les un million 100 mille chômeurs ».

Ghannouchi a affirmé que ces conditions impliquent de la part e tous de « s’asseoir ensemble, à la Kasbah (Présidence du gouvernement), au Bardo (Parlement) et à Carthage (Présidence) pour approfondir les approches, sans exclure ni écarter une quelconque partie, tout en demeurant ouvert sur les organisations nationales, et nous légiférons ensemble pour instituer une vision nationale globale et inclusive apte à répondre aux aspirations de notre peuple à une vie dine, à en améliorer les conditions de vie, à sauver l’économie et à protéger notre Etat ».

** Pas de répulsion avec Said

Commentant des informations rapportées par plusieurs médias, Ghannouchi a nié l’existence d’une crise entre lui et le président Kais Saied.

Il a tenu à préciser, à ce sujet, que la « réalité reflète mieux et est plus sincère que ces allégations, dont des parties douteuses, aussi bien locales qu’étrangère, tentent de la colporter et de la véhiculer ».

« Les contacts et les rencontres sont continues entre moi et les présidents de la République et du gouvernement (Elyes Fakhfakh) et il n’y a aucun indice d’une quelconque répulsion ou encore de conflit de prérogatives », a encore dit le président du parlement.

Au contraire, a-t-il affirmé, « les dernières semaines ont prouvé le volume de la coordination et que la politique de concertation est en place, voire, elle se renforcer de jour en jour ».

Ghannouchi a indiqué que « tout cela s’et concrétisé de manière tangible lorsque l’Etat, unifié, a fait face, les rangs serrés, à la Covid-19, et au vu du consensus autour des défis et difficultés auxquels fait face notre pays compte tenu des tensions qui émaillent la région ».

Pour Ghannouchi, « Le différentes institution du pouvoir sont conscientes aujourd’hui quant à la délicatesse des circonstances, et que la priorité absolue actuellement est l’unité nationale, un impératif pour affronter les retombées sociales et économiques de la pandémie et barrer les tentatives visant à porter atteinte à la paix sociale et à la sûreté générale dans le pays ».

« Parler d’un conflit de prérogatives est infondé et irréel, dans la mesure où ces prérogatives sont arrêtée par le texte de la Constitution et que nous sommes tous d’accord pour respecter la loi », a-t-il insisté.

Néanmoins, Ghannouchi a indiqué que « les divergences de points de vue dans certaines questions ne signifie point l’existence de conflit, mai qu’il s’agit d’une divergence naturelle quant à l’angle de vue de certains dossiers et dans l’évaluation de quelques positions d’urgence et des mesures que cela nécessite ».

Il s’agit, selon lui, d’une divergence « louable » dès lors que cela « enrichit les approches nationales et les choix et orientations à prendre par l’Etat ».

Il a, également, souligné que « la coordination entre l’ARP et le gouvernement est quotidienne, et je suis en contact permanent avec le chef de l’Etat ».

Notre dernière rencontre, qui s’est déroulée, vendredi dernier, a été empreinte, a-t-il relevé, de « convivialité et de franchise », et nous avons abouti à un consensus au sujet de plusieurs questions et dossiers actuels, en particulier, en ce qui concerne le rejet des appels à l’anarchie, des plans criminels et de toute tentative visant à perturber le service publique ou à nuire à la sécurité dans le pays ».

Ghannouchi a dévoilé que des « réunions périodiques se tiendront au Palais de Carthage sous la présidence du chef de l’Etat pour débattre de la situation et unifier le points de vue et les plans d’action futurs, l’objectif étant de renforcer l’immunité de la patrie et de servir toutes les catégories du peuple ».

** La Covid-19 a confirmé le degré de préparation de l’Etat

S’agissant de la Covid-19, Ghannouchi a considéré que la crise de la Covid-19 a confirmé le degré de préparation et la disponibilité de l’Etat à interagir aux événements d’urgence.

« Les efforts de toutes les parties se sont unies pour réduire le degré des retombées, et Louanges à Dieu, la mobilisation fut rapide et instantanée et des mesures préventives ont été mises en place très tôt de même que les citoyens ont respecté les mesures de prévention », a-t-il rappelé.

« La situation sanitaire et globalement bonne en Tunisie et nous devons continuer sur cette voie, d’autant plus que la vigilance et la prudence sont requis pour éradiquer cette pandémie qui menace l’Humanité tout entière », a-t-il ajouté.

Selon Ghannouchi, « La crise a confirmé le degré de préparation et la disponibilité des différentes institutions de l’Etat et leur capacité à faire face de manière positive et efficace aux évolutions et aux événements qui surgissent soudainement. La coordination était au plus haut niveau entre les pouvoirs législatif et exécutif ».

Et Ghannouchi de poursuivre : « La réalité a été diagnostiquée et un accord collectif a été trouvé pour aller de l’avant sur a voie de la mise en œuvre de plans et de programmes qui ont atteint un degré élevé de réussite et de succès. Le Conseil de sécurité nationale, présidé par le chef de l’Etat, a arrêté une série de mises en garde et défini les orientations générales pour une action globale ».

Il a, également, « accordé à l’Assemblée des Représentants du Peuple un mandat pour accélérer la promulgation des décrets nécessaires et éviter, ainsi, tout retard dans la mise en œuvre des mesures dont notre pays a besoin en ces circonstances difficiles », selon Ghannouchi.

** Esprit patriotique

Le responsable tunisien a relevé « l’esprit patriotique qui a empreint l’action des différents blocs parlementaires qui se sont réunis à la chambre des députés, le 16 mars dernier, en ancrant le sens de l’union nationale, ce qui a contribué à accroître le degré de conscience quant à la gravité de la situation et incité l’Etat à prendre des mesures d’urgence et importantes qui ont eu un impact des plus positifs pour contrecarrer la pandémie et éviter sa propagation rapide ».

Il a souligné, dans ce cadre, l’existence, aujourd’hui, de « larges champs pour favoriser le rapprochement, la coopération et la coordination entre les différents blocs (parlementaires) et nous nous emploierons à impulser cette option dès lors que c’est l’unique voie juste pour répondre aux attaques multiformes visant à sous-estimer et calomnier l’action parlementaire ».

« Personne ne tire profit de la poursuite des tiraillements et l’intérêt de tous, l’intérêt du pays consiste à renforcer les voies de coopération et de solidarité et à élargir le champ de la participation et non pas de tenter de l’entraver sous des prétextes fallacieux », a-t-il argumenté.

Ghannouchi a, également, salué les « grands et louables efforts déployés par nos armées blanches parmi les cadres médicaux et paramédicaux, les ouvriers, le personnel administratif et les prestataires de services médicaux. Des corps qui ont accompli leur devoir comme il se doit. Ils ont même consenti des sacrifices et n’ont épargné aucun effort ni expertise pour protéger notre peuple et réduire les dégâts ».

** Nous sommes impactés par la situation en Libye

S’agissant du refus affiché par certains partis politiques tunisiens d’opposition de ses contacts, en tant que président du parlement, avec le gouvernement libyen, Ghannouchi a répliqué : « Il n’y a pas d’Etat indépendant en soi qui ne soit pas influencé par son environnement. Dans le cas libyen, la Tunisie est influencée directement et profondément par les évènements qui secouent la Libye sœur ».

« Nous partagerons de longues frontières avec la Libye et nous disposons d’échanges commerciaux et des relations socioéconomiques. La sécurité et l’économie en Tunisie sont influencés par ce qui se passe en Libye et partant, la sécurité libyenne et tunisienne sont interdépendantes. Notre approche consiste à ce que la solution politique en Libye est la voie optimale pour surmonter l’état d’insécurité et d’anarchie qui prévalent ».

Et Ghannouchi de poursuivre : « Que les Libyens s’assoient autour d’une table pour dialoguer et acceptent la coexistence pour dépasser toute exclusion, c’est ce à quoi nous aspirons ».

« Face à ce qui se passe en Libye, les pays limitrophes et voisins ne peuvent faire preuve de nonchalance. Si un incendie se déclare chez ton voisin, tu ne peux pas rester neutre dès lors que la nécessité et le devoir impliquent de ta part de contribuer à éteindre l’incendie et partant, la neutralité négative n’a pas de sens. Nous appelons à la neutralité négative fondée sur le fait d’inciter l’ensemble des protagonistes à identifier une solution politique et pacifique », a encore dit Ghannouchi.

** Nous n’avons pas dérogé aux règles de la diplomatie

Ghannouchi a tenu à souligner : « Dans nos contacts avec le gouvernement de l’Entente, nous n’avons pas dérogé aux régles et constantes de la diplomatie tunisienne. L’Etat et son président sont en contact avec la direction de l’Entente dès lors que c’est le représentant exclusif de la souveraineté conformément à la légalité internationale, et nous avons rencontré, précédemment, M. Aguila Salah, représentent (président) du parlement de Tobrouk (est de la Libye), ce qui est cohérent avec l’approche de la neutralité ».

Ce qui nous réunit avec la Libye, a-t-il ajouté, est au delà des intérêts même s’ils sont nécessaires. Ce qui nous réunit ce sont les valeurs de fraternité, de coopération, de paix et de bon voisinage, et c’est dans cette optique que nous évoluons et travaillons ».

** Notre révolution est ciblée et n’est pas destinée à être exportée

S’agissant des fuites médiatiques au sujet de forces qui s’emploient à faire chuter la révolution tunisienne en appuyant des forces qui s’y opposent,

Ghannouchi a indiqué : « Loin de la théorie du complot et en harmonie avec la logique de l’histoire, toute révolution fait ace à des acteurs hostiles et qui œuvrent à sa liquidation, et le Printemps arabe, qui a démarré de la Tunisie, compte de nombreuses forces qui lui sont hostiles, craintives de la liberté pour préserver leurs intérêts.

« Le problème consiste à ce que ces forces (hostiles à la révolution tunisienne) s’inscrivent en porte à faux du mouvement de l’Histoire et nous ne connaissons aucune force ayant réussi en la matière. Les profonds changements que connaît le Monde arabe partent de l’avant pour atteindre son objectif, dès lors qu’elles expriment la volonté des peuples et aspirent à la liberté et à la justice », a-t-il encore dit.

Et Ghannouchi de conclure : « Il est inconcevable que le Monde arabe demeure en dehors de l’esprit et des valeurs de l’époque. La révolution a recentré le Monde arabe et l’a placé au centre des valeurs et à l’intérieur de la dynamique de l’époque. Les difficultés rencontrées par la volonté des peuple ne constituent pas une régression du processus mais constituent plutôt des problèmes circonstanciels et structurels afférents à tout changement social ou politique, lesquels problèmes seront aplanis au fur et à mesure de l’avancée dans le temps ».

SourceAgences

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