Amnesty International: Des armes françaises pour « réprimer » les manifestants au Liban

Amnesty International a déclaré ce jeudi, que les services de sécurité libanais utilisent des armes de manufacture française pour réprimer des manifestants pacifiques dans le pays.

C’est ce qui est ressorti d’un rapport de (l’organisation non-gouvernementale, basée à Londres), que l’Agence Anadolu a pu examiner.

Le rapport indique que : « Les services de sécurité libanais utilisent des armes de fabrication française pour réprimer les manifestants pacifiques dans le pays ».

Il a fait savoir qu’: « Amnesty a exhorté Paris à suspendre les exportations d’armes vers Beyrouth à moins qu’elle ne s’engage à les utiliser conformément au droit international ».

Le rapport indique que le Crisis Evidence Lab et le Service de vérification numérique de l’Organisation enquêtent sur l’authenticité de 101 vidéos des protestations qui ont eu lieu en 2015, et des manifestations sans précédent au Liban, survenues en octobre 2019.

Selon le rapport, Emeric Elwyn, responsable du plaidoyer pour la maîtrise des armements à la branche française d’Amnesty International, a déclaré : « Depuis des années, Paris fournit aux forces de sécurité libanaises du matériel de maintien de l’ordre qui a été utilisé pour commettre de graves violations des droits humains ».

Le rapport considère que « les armes françaises ont joué un rôle scandaleux en blessant au moins 1.000 manifestants suite à l’usage illégal de la force par les forces de l’ordre libanaises ».

« Au cours de l’année 2020, les forces de l’ordre ont tiré des bombes lacrymogènes directement sur les manifestants, ce qui est une pratique dangereuse. Ces tirs ont également eu lieu depuis un véhicule en mouvement, ce qui rend impossible le contrôle des armes », affirme encore ledit rapport.

« Il n’y a pas eu d’enquête au Liban à propos de l’utilisation illégale d’armes, y compris celles fabriquées en France, contre des manifestants pacifiques, et aucun membre des forces de l’ordre n’a été tenu pour responsable par les autorités judiciaires », a-t-il ajouté.

Amnesty International a condamné « les pratiques des forces de l’ordre libanaises dans un environnement d’impunité, le fait de ne pas avoir tenu pleinement compte des violations passées et de ne pas fournir une indemnisation adéquate aux victimes des violations ».

Jusqu’à 9h20 GMT, les autorités libanaises n’ont toujours pas publié de déclaration officielle concernant ces accusations.

Le Liban dépend de l’armement français, les contributions militaires de Paris à Beyrouth s’élevant à environ un demi-milliard de dollars au cours des cinq dernières années, selon l’agence de presse officielle libanaise.

À l’été 2015, des manifestations populaires ont éclaté au Liban pour protester contre la mauvaise gestion de la crise des déchets dans le pays. Des manifestations populaires ont également eu lieu en octobre 2019, rejetant l’augmentation des redevances et des taxes et la détérioration des conditions économiques du pays.

La pandémie de coronavirus a accru les difficultés du Liban, qui traverse la pire crise économique depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), ce qui a provoqué une baisse sans précédent de la valeur de la lire par rapport au dollar, et l’effondrement du pouvoir d’achat de la plupart des citoyens.

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