Comment l’Arabie saoudite a mis l’Europe à genoux pour alimenter la terrorisme

L’Arabie saoudite est parvenue à infléchir le processus d’adoption d’une « liste noire » sur le blanchiment d’argent et sur le financement du terrorisme. Seule la Belgique a résisté à Ryiad.

Un groupe de travail réunissant les représentants des 28 États de l’Union européenne a refusé massivement d’approuver une « liste noire » de 23 États dont les règles de protection contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme sont insuffisantes.

Cette proposition de « liste noire », déposée par la Commission européenne, a été rejetée par 27 États européens. Un seul, la Belgique, a approuvé la démarche de la Commission Juncker.

On retrouve dans cette liste des Etats tels que l’Afghanistan, la Corée du Nord, l’Iran, la Libye, le Pakistan et le Panama.

« La procédure n’est pas finie » mais…

Ce rejet ne signifie pas encore la fin du processus, ce refus n’étant pas un vote formel. Mais la situation est très mal engagée, un des États, l’Arabie saoudite, étant parvenu à retourner l’opinion des Européens, à l’exception du gouvernement de Charles Michel.

« La procédure n’est pas finie », dit une source européenne. Les Vingt-huit devront se prononcer à la majorité qualifiée sur cette liste, probablement lors du Conseil Justice du 7 mars prochain. La Commission européenne espère renverser la vapeur d’ici là.

La position des Etats a été réitérée vendredi lors d’une réunion d’experts. On a rarement vu une majorité aussi claire contre une proposition de la Commission européenne.

L’Arabie saoudite a fait plier les capitales

Selon cette source proche du dossier, la fronde vient du Royaume-Uni, qui agirait sous la pression de l’Arabie saoudite et des Etats-Unis, suivi par la France et l’Allemagne.

« Au départ, treize à quinze États étaient opposés à la liste noire, mais les trois grands États sont parvenus à retourner les autres », explique cette source. La République tchèque, par exemple, n’était pas opposée. Mais un « coup de fil » de Berlin l’a forcé à changer d’avis.

« L’Arabie saoudite, reprise dans la proposition de « liste noire », s’est livrée à un lobbying intense sur les capitales européennes », ajoute cette source. Dans une lettre adressée aux gouvernements européens, dont L’Echo a pris connaissance et que vous trouverez ici, l’Arabie saoudite dit tout le mal qu’elle pense de cette « liste noire ».

Lors du sommet de Charm el-Cheick (Égypte), dimanche et lundi dernier, le premier sommet de l’histoire entre l’UE et la Ligue arabe, les dirigeants européens ont également subi une pression intense de la part du Royaume saoudien.

Les Etats-Unis, dont quatre dépendances sont reprises dans la liste (Porto Rico, Guam, les Samoa et les îles Vierges), ont également – mais plus discrètement – multiplié les pressions.

Le principe de cette « liste noire » n’empêche pourtant pas de commercer avec les pays qu’elle renseigne. Elle consiste à demander aux banques de renforcer leur contrôle lorsqu’elles sont confrontées à des flux d’argent impliquant ces pays. « C’est de la pure prévention », affirme cette source.

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