Covid-19 / Liban : heurts lors d’une manifestation anti-restrictions, plus de 200 blessés

La colère ne retombe pas au Liban, et elle s’exprime désormais quotidiennement. Plus de 200 personnes ont été blessées mercredi lors de violents heurts à Tripoli entre policiers et manifestants sortis pour la troisième soirée consécutive pour protester contre les restrictions sanitaires et les difficiles conditions de vie.

Selon l’agence nationale d’information, 226 personnes ont été blessées : 102 ont été soignées ou transportées vers les hôpitaux de la ville par la Croix-Rouge libanaise et 124 autres par les secouristes de l’Association médicale islamique. Au total, 66 personnes ont été hospitalisées. Sur Twitter, les forces de l’ordre ont fait état de neuf blessés dans leurs rangs, dont un officier dans un état grave.

Les protestataires ont lancé des cocktails molotov et des pierres sur les forces de l’ordre qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogène. Des manifestants en colère ont tenté de pénétrer à l’intérieur du Sérail, siège du gouvernorat du Nord. D’autres se sont rassemblés sur la place al-Nour, l’un des lieux phares des manifestations monstres qu’avait connues le pays à l’automne 2019 contre la classe dirigeante.

Des tirs à balles réelles d’origine inconnue ont été entendus dans le secteur du site de la manifestation, tandis que des protestataires ont mis le feu à l’entrée d’un bâtiment de la police.

« Nous sommes ici pour demander de la nourriture, les gens ont faim », expliquait Mohamad Ezzedine, un manifestant de 20 ans. « Il est temps que les gens descendent dans la rue », ajoutait-il.

« Nous avons pris la décision de poursuivre notre action, quel que soit le prix […] car nous n’avons plus rien à perdre », renchérissait un manifestant cagoulé. « Nous vivons dans des conditions misérables. J’ai frappé à toutes les portes, mais n’ai trouvé aucun emploi », ajoutait ce chômeur de 25 ans.

Après plusieurs heures d’affrontements, les forces de l’ordre et l’armée libanaise ont déployé des renforts autour du Sérail et sur la place al-Nour pour disperser les manifestants et les empêcher de prendre d’assaut le siège du gouvernorat.

Mardi soir déjà, des affrontements entre manifestants d’une part et forces de l’ordre et militaires d’autre part avaient déjà fait 45 blessés, contre 30 la veille, selon la Croix-Rouge libanaise.

Un pays frappé par la crise économique

Tripoli était déjà l’une des villes les plus pauvres du Liban avant la flambée du nouveau coronavirus et les confinements, qui ont aggravé les conditions de vie de ses habitants. De nombreux résidents, notamment des journaliers, se sont retrouvés sans revenu depuis le début du dernier confinement.

Parmi les plus stricts au monde, ce confinement, combiné à un couvre-feu permanent et une fermeture des commerces, est entré en vigueur au Liban le 14 janvier et devrait durer jusqu’au 8 février.

Jusqu’ici limité à cette seule ville, le mouvement de protestation anti-confinement s’est étendu mardi et mercredi soir, des manifestants bloquant certains axes routiers dans d’autres régions du pays. Outre la situation sanitaire, le Liban est englué dans sa plus grave crise économique avec une dépréciation historique de sa monnaie, une hyperinflation et des licenciements massifs. La moitié de la population vit dans la pauvreté, face à une classe dirigeante accusée d’être aux abonnés absents.

Le petit pays de six millions d’habitants a recensé jusqu’ici 289 660 cas, dont 2553 décès. Alors que le secteur hospitalier subit une forte pression avec l’explosion du nombre de contaminations au Covid-19, les autorités cherchent à augmenter le nombre de lits disponibles pour les personnes infectées.

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