Des campagnes de désinformation, en relation avec le blocus du Qatar, accusent Doha d’avoir propagé le coronavirus dans le monde

Courrier arabe

Le blocus terrestre, maritime et aérien, qui fut imposé au Qatar en juin 2017 par Riyad, Manama, Abu Dhabi et le Caire, ne lui a pas coûté que la coupure des liaisons diplomatiques avec les quatre pays, mais l’obligea aussi de subir des campagnes de désinformations, cherchant constamment à déformer son image internationale.

Les cloches de cette guerre médiatique et numérique ont encore sonné, à l’ombre de la crise sanitaire du coronavirus, qui frappe le monde, accusant le Qatar d’avoir contribuer à la création du Covid-19 et d’avoir participer à sa propagation dans le monde.

L’étincelle qui déclencha la flamme

La semaine dernière, une journaliste saoudienne, Noura Almoteari, a publié un tweet, sur son compte officiel, déclarant que le Qatar savait au sujet du Covid-19 depuis 2015. Quelques jours avant, elle avait accusé Doha «d’avoir versé des milliards de dollars au compte de la China, pour que cette dernière fasse accroître le virus».

Almoteari nota : «Le Qatar a répandu le virus, pour nuire aux Émirats arabes unis (EAU), qui se préparent à organiser Expo 2020 et à l’Arabie saoudite dont les plans de diversité avancent, dans le cadre d’une économie poste-pétrolière», lançant le hashtag «Qatar_is_corona» (Le Qatar, c’est le corona), qui était le lieu de centaines d’échanges sur le réseau social.

Les campagnes de faux comptes

Depuis la crise du coronavirus qui s’est répandu dans le monde, une croisade de désinformation et d’accusations infondées fut déclarée au Qatar durant les mois de janvier et de février.

Des faux comptes se sont acharnés sur Doha, prétendant sur Twitter que «le Qatar était responsable de la propagation du virus jusqu’en Argentine», dénonçant «sa négligence» et attaquant sa «non maîtrise». Twitter avait alors détecté des activités suspectes et annonça la suspension de ses comptes dont la source reste non identifiée à ce jour.

Exploitation politique 

«La campagne du coronavirus menée contre le Qatar a commencé sur Internet en janvier, juste au moment où l’on commença à parler de la propagation du Convid-19», explique Marc Owen Jones, maître assistant spécialiste dans le digital à l’université Hamad bin Khalifa de Doha.

Il signale que les campagnes de désinformation insistaient sur le fait que le Qatar était responsable de la création du coronavirus et prétendaient qu’il avait joué un rôle dans sa propagation. «Les gens essayent de détourner la crise et de l’exploiter publiquement», avaient il dénoncé, en soulignant que ces campagnes étaient montées par des parties connues du monde entier et qui avaient toujours cherché à noircir à l’image du Qatar.

Une partie du blocus

De son côté, Sanam Vakil, chercheuse au Programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Chatham House à London, estime, en parlant des campagnes de désinformation menées contre Doha: «Ceci est une continuation qui fait partie du blocus imposé au Qatar».

«Ils accusent les Qataris de répandre le virus, ça va encore continuer pour un moment et ce type de compagnies reflète la profondeur de la tension entre ses pays», avait-elle souligné, en indiquant que certains pays essayent d’exploiter la crise du Covid-19 dans le domaine politique.

Sanam Vakil signala également «qu’au moment où la Chine accuse les États-Unis de lui avoir lancé le virus et alors que le Bahreïn accuse l’Iran de mener une guerre biologique, ces pays saisissent l’occasion et accusent le Qatar», estimant que ce n’est pas que la panique qui s’y invite mais aussi le désir de nationaliser la crise.

Ainsi, il importe de signaler que durant les années de froid diplomatique, les pays originaires du blocus imposé au Qatar ne cessent de demander à Doha de changer sa politique étrangère, afin de lever son blocus. Un choix que cette dernière refuse d’accepter de par son attachement à sa souveraineté, ce qui poussa Manama, la Caire, Riyad et Abu Dhabi à penser que d’autres méthodes pourront la dissuader, même si jusque-là le piège s’est toujours refermé sur elles.

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