Égypte: Le gouvernement oblige les rapatriés à payer les frais de leur confinement et une campagne proclame qu’ils soient placés dans les palais d’al-Sissi

Courrier arabe

Le gouvernement égyptien a obligé ses ressortissants, rapatriés depuis l’étranger, à prendre en charge les frais de leur isolement sanitaire, accusant ceux qui ont refusé de «se plier aux ordres d’irresponsabilité et d’égoïsme».

Sur les réseaux sociaux, ces faits ont déclenché une vague de colère, lors de laquelle les Égyptiens ont demandé à ce que les palais d’al-Sissi soient gratuitement ouverts au confinement des citoyens.

L’ambassade égyptienne à Washington a noté sur son compte: «Les autorités ont décidé de placer les ressortissants rapatrié depuis l’étranger en isolement obligatoire, pour une durée de 14 jours, dans les lieux définis par le ministère de la Santé, à la charge du voyageur», indiquant que les personnes voulant retourner au pays, devaient se charger indépendamment de payer les frais de leur confinement.

 

Un sentiment d’arnaque

Les décisions imposées par les autorités sont entrées en application depuis mardi, déclenchant une vague de colère auprès des Égyptiens travaillant à l’étranger, qui ont dénoncé les coûts très élevés.

Les voyageurs, bloqués dans les aéroports, ont publié des photos d’engagements qu’ils ont été obligés de signer, comme condition pour garantir leur rapatriement.

Ils ont signalé que les papiers, présentés par les autorités égyptiennes, imposaient que «chaque «soussigné» atteste à prendre en charge les coûts du séjour qu’il passera, dans l’un des hôtels 5 étoiles proches de l’aéroport», une clause qui ne semble pas être du goût de tous.

Sur cette affaire, des médias locaux ont noté que «la facture du confinement était estimée à près de mille livres égyptiennes par personne, pour la nuit», soulignant que «vu la somme importante, nombreux des voyageurs ont refusé de signer».

Le gouvernement les accuse d’«irresponsabilité et égoïsme»

En plein désarroi, le porte-parole du Conseil des ministres, Nader Saad, a attaqué les Égyptiens qui travaillent à l’étranger, déclarant aux médias: «Les Égyptiens rapatriés depuis le Koweït ont refusé de se confiner pour 14 jours et ont insisté à partir.. Leur comportement est irresponsable et provient d’un égoïsme excessif et d’un égocentrisme», indiquant que bien que les résultats des tests furent négatifs, les autorités ont demandé aux personnes concernées de s’isoler chez elles.

«Les palais d’al-Sissi pour le confinement»

Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes se sont opposés aux décisions imposées par le gouvernement, à l’image d’Osama Rushdi, politicien et militant, qui a noté: «Une décision comme obliger les rapatriés à payer les coûts de leur confinement ne peut être ordonnée que par al-Sissi», déplorant le fait que l’Égypte soit le seul pays au monde à avoir pris de telles mesures.

Aussi, le célèbre professionnel du domaine médiatique, Mootaz Matar, a lancé un hashtag, #قصور_السيسي_للحجر (les palais d’al-Sissi pour le confinement), proclamant qu’au lieu d’exploiter ses citoyens, le régime devais les prendre en charge dans les palais que le président, Abdel Fatah al-Sissi, avait construit grâce à l’argent public.

Devenu le premier trending en Égypte, en seulement quelques heures après son lancement sur Twitter, avec plus de 34 mille tweets, Ahmed Elbaqry, un journaliste y rappelle les déclarations faites par al-Sissi, lors desquelles il avait expliqué: «Vous pensez que je construis ces palais pour moi! .. Ils sont pour l’Égypte», lui signalant que «le pays n’avait pas besoin de palais mais de traiter les échecs».

Aussi, nombreux avaient accusé le régime égyptien d’exploiter les crises, pour récolter de l’argent, soulignant aux autorités que la majorité des expatriés étaient de simples travailleurs, et «qu’ils ne pourront jamais payer une facture de 14 jours dans un hôtel 5 étoiles, même s’ils le voulaient».

Dans ce contexte, le ministère de la Santé égyptien a annoncé, jeudi soir, avoir enregistré 86 nouveaux cas positifs au Covid-19, pour que le bilan des cas contaminés s’élève à 865 dans tout le territoire, hormis les 201 cas en voie de guérison et les 58 décès signalés.

Les autorités affirment que l’Égypte est toujours en zone de risque et appellent la population à respecter les mesures entreprises pour limiter les cas et minimaliser les dégâts.

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