En Iran, on tue à huis clos

Déclenché contre la hausse des prix de l’essence annoncée sans préavis par le gouvernement, le mouvement de protestation a pris très vite une tournure politique.

Alors que la contestation fait rage dans tout le pays et que les morts de la répression pourraient se compter par centaines, les voix venant d’Iran se font très rares. Malgré le blocage presque total d’Internet, une mesure inédite imposée par les autorités, certaines d’entre elles parviennent malgré tout à se faire entendre.

« Un, deux, trois, on essaie. Vous entendez notre voix de la Corée du Nord », a ainsi tweeté le propriétaire iranien d’un compte au nom de Ghaffar, ironisant sur la chape de plomb qui s’est abattue sur l’Iran. Depuis le 15 novembre, le pays est le théâtre d’un mouvement massif de protestation et d’une répression brutale qui se déroule presque à huis clos.

Déclenché contre la hausse des prix de l’essence annoncée sans préavis par le gouvernement dans la nuit du 14 au 15 novembre, le mouvement a très rapidement pris une tournure politique, allant jusqu’à contester la légitimité même de la République islamique. Selon l’organisation Amnesty International, la répression a déjà fait au moins 106 victimes dans vingt et une villes iraniennes. Les autorités, qui n’ont, pour le moment, parlé que de la mort de quatre membres des forces de l’ordre, se bornent à dénoncer un complot de l’étranger. En absence d’Internet, et alors que les médias du pays sont tenus de ne pas couvrir les événements si ce n’est pour dénoncer les saccages des émeutiers ou pour relayer les déclarations officielles, tout laisse à penser que le bilan des victimes va s’alourdir.

« Un sentiment d’humiliation »

Malgré l’importance des événements en cours en Iran, les informations parviennent par bribes de l’intérieur du pays, avec un nombre très limité de vidéos, de photos, de récits relayés par des internautes ingénieux qui arrivent, avec peine, à contourner le blocage d’Internet. Le Monde a pu joindre certains d’entre eux qui témoignent de l’atmosphère de terreur et d’incertitude dans laquelle le pays est désormais plongé.

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