Erdogan : « Haftar peut être éjecté de l’échiquier relatif à l’avenir de la Libye »

Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, estime que le général putschiste Khalifa Haftar, peut à tout moment, être éjecté de l’échiquier relatif à l’avenir de la Libye et du processus de résolution de la crise interne.

Le Chef de l’État turc répondait, lundi soir, aux questions des journalistes de la chaîne publique turque TRT, concernant l’actualité nationale et internationale.

Les développements en Libye, où la Turquie soutient le gouvernement légitime de Fayez el-Sarraj, reconnu par la communauté internationale, ont pris une place importante dans les déclarations d’Erdogan.

Le président turc s’est d’abord félicité des dernières victoires des forces du gouvernement légitime sur les forces pro-Haftar.

Pour lui, ces développements sonnent le glas de Haftar. « Haftar peut être exclu de l’échiquier à tout moment, les développements le démontrent », a-t-il estimé.

Erdogan a justement discuté de ce sujet avec son homologue américain, Donald Trump, avec qui il s’est entretenu quelques instants plus tôt. « Une nouvelle ère peut commencer entre la Turquie et les États-Unis, nous avons convenus de certaines choses avec Trump », a-t-il assuré, faisant sous-entendre une convergence de points de vue entre les deux pays.

Se satisfaisant de cette nouvelle approche de Washington, longtemps indécis sur la Libye, Erdogan aimerait aussi clarifier certaine chose avec Moscou.

Le Président turc a annoncé, dans cet objectif, un prochain entretien avec Vladimir Poutine. « Il m’a affirmé qu’aucun russe ne se trouve en Libye. J’aimerais discuter de cela avec lui », a-t-il expliqué, faisant référence aux mercenaires de la société russe Wagner qui combattent pour Haftar.

– La mort de Floyd et les manifestations antiracisme :

Le Chef de l’État turc a voulu aussi revenir sur les évènements qui ont éclaté aux États-Unis, puis dans d’autres pays notamment en Europe, après la mort d’un afro-américain, George Floyd, asphyxié lors de son interpellation par des « policiers blancs » à Minneapolis aux États-Unis.

« L’homicide de George Floyd est le résultat d’une approche raciste. Tout être humain pourvu de conscience ne peut accepter un tel acte », a-t-il d’abord martelé.

Pour Erdogan, les États-Unis, comme de nombreux pays européens, doivent se confronter à ce phénomène de racisme au sein des forces de sécurité.

Cependant, Erdogan veut faire la différence entre les manifestations légitimes contre les violences policières, et les « casseurs qui saisissent l’opportunité ».

« Il est très significatif que les groupes terroristes ANTIFA et PKK/YPG se retrouvent aux États-Unis, je l’ai dit au Président Trump », a-t-il expliqué, parlant du groupe que Trump a menacé de déclarer officiellement « terroriste ». Les ANTIFA ont en effet suivi une formation militaire auprès de l’organisation terroriste PKK/YPG dans le nord de la Syrie, ce groupe même soutenu par Washington.

– Les relations avec Athènes :

Le Président turc s’est également exprimé sur les propos du ministre grec de la Défense parlant de « préparatifs pour la guerre contre la Turquie ».

« La Grèce tire à blanc. Comment parler ainsi à la Turquie ? Ressaisis-toi. Si tu ne connais pas tes limites, la Turquie sait quoi faire », a-t-il fustigé.

Ankara et Athènes s’opposent sur plusieurs sujets comme les eaux territoriales en Méditerranée et en Égée, la situation entre les deux parties à Chypre, les recherches d’hydrocarbures en Méditerranée orientale, mais aussi sur le dossier libyen.

Dans ce contexte, certains officiels grecs emploient un discours plutôt agressif contre la Turquie.

Des propos qui ont également été trop loin quand la Turquie a célébré, le 29 mai dernier, le 567ème anniversaire de la conquête d’Istanbul, célébrations pendant lesquelles le Coran a été récité dans la mosquée Sainte-Sophie, actuellement sous le statut de musée. Le débat sur la réouverture éventuelle de Sainte-Sophie en tant que mosquée est à nouveau attisé en Turquie.

« Ils [Les Grecs] nous disent de ne pas rouvrir Sainte-Sophie en tant que mosquée. Qui dirige la Turquie, eux ou nous ? », a-t-il lancé.

– Le lutte contre l’épidémie de Covid-19 :

Recep Tayyip Erdogan s’est félicité de la gestion de la crise sanitaire par la Turquie. Même si le plus dur semble être passé, il a voulu avertir contre un relâchement trop hâtif qui risquerait de faire repartir l’épidémie.

« Même si nous avons levé de nombres restrictions, cela ne veut dire que le risque a totalement disparu. Ce virus est très différent, la seule solution c’est de respecter les règles du conseil scientifique comme le port du masque et la distanciation sociale », a-t-il rappelé.

Pendant l’épidémie, la Turquie a inauguré plusieurs grands hôpitaux. « Nous construirons 5 autres hôpitaux urbains jusqu’à la fin de l’année, l’objectif étant 30 hôpitaux urbains dans 30 grandes villes », a-t-il indiqué.

Ces hôpitaux, ainsi que les 2 construits en seulement 45 jours à Istanbul, seront les pierres angulaires du tourisme médical en Turquie, un secteur que le gouvernement veut fortement développer.

« Grâce au tourisme médical, nous allons compenser nos pertes dans le secteur du tourisme saisonnier », a-t-il partagé. Dans cet objectif, le Président Erdogan a annoncé qu’une « Vallée de la Santé » va être créée dans la capitale Ankara.

Mais les investissements de la Turquie et les avancées dans le domaine de la santé ne se limitent pas à cela.

Dans cette période, les ingénieurs turcs ont conçu puis fabriqué un respirateur artificiel totalement « made in Turquie », permettant de répondre aux besoins internes, mais aussi d’en fournir aux autres pays dans le besoin.

Erdogan a ainsi indiqué que la Turquie a reçu des commandes pour près de 60 mille respirateurs artificiels de fabrication turque.

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