La Russie échoue à faire réduire l’aide transfrontalière pour les Syriens

La Russie a échoué mercredi à faire adopter par le Conseil de sécurité de l’ONU une réduction de l’aide humanitaire transfrontalière pour les Syriens, qui arrive à expiration vendredi, ne recueillant pas lors d’un vote un nombre suffisant de voix. Il fallait neuf voix sur quinze à la Russie et aucun veto d’un membre permanent pour faire adopter le texte.

Moscou n’a recueilli que quatre voix en faveur du texte, sept pays se sont prononcés contre et quatre se sont abstenus, a annoncé le président du Conseil de sécurité, l’ambassadeur allemand Christoph Heusgen, sans autre détail. «Le projet de résolution n’a pas été adopté, n’ayant pas réussi à obtenir le nombre de voix requises», a-t-il dit.

Selon des diplomates, ont voté pour le texte la Russie, la Chine, le Vietnam et l’Afrique du Sud. Ont voté contre les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Estonie et la République dominicaine. La Tunisie, le Niger, l’Indonésie et Saint-Vincent et les Grenadines se sont abstenus.

Veto

Mardi, Moscou avait utilisé son veto contre un projet de résolution de l’Allemagne et de la Belgique, chargées du dossier humanitaire syrien à l’ONU, prévoyant une extension d’un an de l’autorisation transfrontalière et le maintien des deux points de passage actuellement utilisés à la frontière turque.

Ces deux entrées se situent à Bab al-Salam, qui mène à la région d’Alep, et à Bab al-Hawa, qui dessert la région d’Idleb. Moscou veut supprimer le premier point de passage et ne prévoir que six mois d’autorisation pour le deuxième.

Le dispositif transfrontalier de l’ONU, qui existe depuis 2014, permet de s’affranchir de tout aval de Damas pour acheminer de l’aide humanitaire aux Syriens. Selon des diplomates, l’Allemagne et la Belgique devraient proposer un nouveau texte prochainement au Conseil de sécurité pour un vote d’ici à vendredi. Les deux pays européens pourraient accepter de réduire à six mois la prolongation du dispositif, en espérant que la Russie s’en contentera, selon les mêmes sources.

Ligne rouge

Dans un entretien mercredi à l’AFP, l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Kelly Craft, a souligné l’importance de maintenir deux accès en Syrie. «Nous savons que la bonne chose à faire est que les (deux) points de passage dans le Nord-Ouest restent ouverts pour atteindre le maximum de Syriens qui ont besoin d’aide humanitaire», a-t-elle dit. Interrogée pour savoir s’il s’agissait d’une «ligne rouge», elle a répondu: «oui, absolument». Selon Kelly Craft, garder seulement Bab al-Hawa coupera 1,3 million de personnes vivant dans le nord d’Alep de toute aide humanitaire.

En janvier, la Russie avait déjà fait plier le Conseil de sécurité pour réduire drastiquement le dispositif, de quatre points d’entrée à deux, et pour uniquement six mois alors qu’elle était jusqu’alors annuelle. Moscou considère que l’autorisation transfrontalière viole la souveraineté de la Syrie et estime que l’aide internationale peut être contrôlée par Damas avec un même résultat. C’est faux, rétorquent les Occidentaux, qui jugent qu’il n’y a pas d’alternative et soulignent les obstacles posés par la bureaucratie syrienne à l’aide acheminée avec l’accord du régime syrien.

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