« L’accord de Skhirat entre les parties libyennes nécessite un développement », affirme le ministre marocain des Affaires étrangères

Le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré, lundi, que l’accord de Skhirat entre les parties libyennes nécessite un développement, et que le Royaume n’a aucune initiative sur la question libyenne, étant défavorable à la multiplication des initiatives.

C’est ce qui ressort d’une conférence de presse tenue à Rabat, au terme d’un entretien entre Bourita et Aguila Saleh, Président du Parlement de Tobrouk (Est).

Ce parlement est inféodé aux milices du Général Putschiste Khalifa Haftar, qui dispute la légitimité et l’autorité en Libye au gouvernement, reconnu internationalement, ce qui a généré un conflit armé qui a fait des milliers de morts et de blessés parmi la population civile, sans compter les importants dégâts matériels qu’il a engendrés.

« L’initiative d’Aguila Saleh constitue une avancée sur la voie du développement de l’accord de Skhirat », a déclaré Bourita.

En décembre 2015, les deux parties au conflit libyen ont signé un accord politique dans la ville marocaine de Skhirat, qui a abouti à la formation d’un conseil présidentiel à la tête du gouvernement d’entente, en plus de l’extension du mandat du parlement, et de la mise en place d’un Haut Conseil d’Etat, mais Haftar a depuis cherché à faire obstacle à l’accord et à en obtenir l’annulation.

Saleh avait annoncé, fin avril dernier, des propositions pour une solution politique à la crise libyenne, dont la plus importante est la refonte du Conseil présidentiel, qui serait composé de 3 membres au lieu de 9, de sorte que chaque région choisisse son représentant au sein du Conseil, par consensus ou par élection, et sous supervision internationale.

Bourita considère que « l’initiative d’Aguila Saleh émane d’une institution libyenne ». Et de poursuivre : « Le pays (le Maroc) estime que la seule initiative qui ait de la valeur est celle qui aura recueilli l’accord des Libyens ».

« La multiplication des initiatives fait partie du problème et non de la solution », a-t-il déclaré. Pour Bourita, « l’accord de Skhirat comprend des points qui doivent être développés, en fonction de l’évolution de la situation politique en Libye ».

Le Maroc est attaché à l’accord de Skhirat qui constitue une référence importante pour le règlement du conflit libyen. « Les volets de l’initiative d’Aguila Saleh vont dans le sens du développement de l’accord de Skhirat », a déclaré Nasser Bourita.

Le chef de la diplomatie marocaine a ajouté que Rabat œuvre actuellement à favoriser le dialogue entre le Parlement de Tobrouk et le Haut Conseil d’Etat libyen dirigé par Khaled Mechri

Saleh a pour sa part précisé que sa visite au Maroc avait été organisée à l’invitation du président du Parlement marocain, Habib Al-Malki. Il a également souligné que l’accord de Skhirat devait à terme être modifié, et qu’il compte sur le soutien du Maroc pour sortir de la crise.

Et de poursuivre : « La Libye a besoin de soutien pour progresser sur la voie politique ; car la guerre ne sert les intérêts de personne ». Saleh s’est également entretenu avec Al-Malki des moyens permettant un règlement politique de la crise libyenne.

Le président du Haut Conseil d’État libyen, Mechri, a quant à lui discuté lundi avec le président de la Chambre des conseillers (deuxième chambre du Parlement marocain), Hakim Benchamach, de l’évolution de la question libyenne.

Les initiatives et les pressions se multiplient pour mettre un terme aux hostilités et reprendre le processus politique en Libye, dans la foulée de la série de victoires remportées par l’armée libyenne qui a permis de libérer la région occidentale de l’emprise des milices de Haftar, soutenues par des pays arabes et occidentaux.

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